Jean Mathieu l'avoue: «La structure de notre maison est très complexe. Elle ne possède que cinq angles droits au total.» Inédite, la forme géométrique de cette résidence secondaire couverte en partie d'acier Corten évoque la proue d'un navire échoué. L'automne, cette construction angulaire couleur noire et rouille semble avoir «émergé» du sol couvert de copeaux de bois et d'aiguilles de conifères.

«L'expérience de construction d'une maison nous attirait beaucoup», affirme le couple propriétaire qui a donné carte blanche aux architectes de l'atelier YH2 en ce qui a trait à la forme et au style de l'habitation.

 

Maison-sculpture

La configuration sculpturale de l'habitation a exigé de la débrouillardise de la part de Jean Mathieu qui a géré le chantier et de son entrepreneur général, Martin Lachance.

«Nous avons, entre autres, dû choisir un entrepreneur spécialisé en fondations de bâtiments commerciaux, car nos plans résidentiels étaient trop atypiques», précise M. Mathieu.

Revêtement inusité

La façade nord-est est drapée de plaques d'acier patinable (Corten) d'une épaisseur de 3,2 mm. Sorte de large ruban roux, ce matériau relit les trois «blocs» de logis couverts d'un clin de bois noir teint en usine, ainsi que deux passages vitrés.

«J'ai importé l'acier Corten de Chicago au moment de couler les fondations, car je devais prévoir une période d'un mois et demi avant d'obtenir une belle teinte orangée, raconte le propriétaire qui s'est découvert une passion pour la construction pendant les travaux. Dès juin, poursuit-il, j'arrosais mon acier alors que mes voisins arrosaient leurs fleurs... «

En réalité, Jean Mathieu accélérait le processus d'oxydation de l'acier avec de l'acide. La surface du matériau s'est alors couverte d'une couche protectrice contre la corrosion.

Jamais monotone

L'architecture fragmentée de l'habitation de 175 mètres carrés comporte certains avantages, comme la diversité des points de vue. Chaque ouverture donne sur un bout de paysage. Sans compter la variété des pièces jamais parfaitement rectangulaires et aux plafonds de hauteurs diverses. Détail : l'une des extrémités de la résidence fait 2,4 m alors que l'autre présente une largeur de 8 m.

«Il n'y a rien de monotone dans cette maison, assure Isabelle Giac. Nous l'habitons depuis plus d'un an et elle nous étonne toujours autant!»

«Le fait de jouer avec les hauteurs et les perspectives crée un parcours dynamique dans la maison. Autrement dit, une expérience spatiale forte est offerte aux occupants», précise Loukas Yiacouvakis, cofondateur de l'atelier YH2.