Le 24 août 1903, à 4h du matin, après une messe, quatre premières religieuses de la congrégation des soeurs de Notre-Dame du Perpétuel Secours quittent les montagnes de Bellechasse pour s'installer à Château-Richer. Ce sera pour la congrégation le début d'une grande aventure d'éducation qui durera quelque 75 ans.

Et, aujourd'hui, c'est dans ce même couvent que loge le Centre d'interprétation de la Côte-de-Beaupré qui, par ses expositions et animations, rappelle la vie sur les battures, mais surtout l'éducation qu'ont reçue des centaines de jeunes filles au XVIIIe, XIXe siècle ainsi qu'au début du XXe siècle. Et par différentes activités, le Centre d'interprétation continue d'initier les élèves au passé avec l'école d'autrefois.

 

Témoin de plus de 300 ans d'histoire, le couvent a été érigé une première fois en 1694, une deuxième fois en 1829 et enfin une troisième et dernière fois en 1907. Or, des deux premières constructions - l'une incendiée par les Anglais, l'autre démolie pour cause de moisissures - , il n'est resté que les fondations dont les vestiges sont toujours visibles. L'actuel couvent, tout en briques, qui a été érigé sur les ruines des deux premiers, mesure 20 mètres de long sur 15 mètres de large. À l'époque, il avait coûté 10 000 $ incluant le système de chauffage et l'ameublement.

Initiative de Mgr de Laval

Le directeur du Centre d'interprétation, Luc Trépanier, rappelle que le premier évêque de Québec, Mgr François Montmorency de Laval, a joué un rôle majeur dans le développement de la Côte-de-Beaupré. C'est d'ailleurs à son initiative que le premier couvent de Château-Richer sera construit. Et jusqu'en 1759, Mgr de Laval viendra personnellement en aide aux parents pauvres désireux d'envoyer leurs filles à l'école. À l'époque, le Séminaire payait les coûts de subsistance pour deux élèves chaque année.

Peu avant la Conquête, les soeurs du Bon-Pasteur, qui dirigent le couvent, doivent l'abandonner pour se mettre en lieu sûr. Avec raison puisque la bâtisse sera occupée et incendiée par les troupes du général Wolfe en 1759. Ce qui privera la population de Château-Richer d'un accès à l'éducation pendant près de 70 ans.

Or, la Côte-de-Beaupré est à l'époque l'un des principaux pôles de développement du régime français. On évalue que vers les années 1650, sa population était supérieure à celle de la ville de Québec. De plus, la Côte aurait accueilli sur ses terres quelque 175 familles souches dont les Gagnon-Belzile qui sont à l'honneur cette année.

À travers l'exposition permanente du Centre d'interprétation de la Côte-de-Beaupré, les visiteurs découvriront des objets évoquant certains épisodes historiques de la vie maritime, religieuse et sociale des villages de l'Ange-Gardien, de Château-Richer, de Boischatel, de Saint-Joachim et de Sainte-Anne-de-Beaupré.

Classe d'époque

Mais c'est dans une des petites classes du deuxième étage que vous plongerez dans le passé. Pour y accéder, il faut grimper le grand escalier qui est à peu près un des seuls éléments intérieurs encore d'époque. De plus, il est amusant d'écouter les marches craquer.

Là-haut, comme en 1907, il y a les vieux pupitres d'écoliers dont certains datent de 1820, un tableau noir, des craies, mais aussi des leçons de politesse qu'il faut apprendre par coeur.

Une revue publiée en août 2003 à l'occasion du centenaire de la congrégation des soeurs de Notre-Dame du Perpétuel Secours rapporte plusieurs anecdotes du couvent. On raconte entre autres que chaque mois, les élèves étaient réunis pour la collecte de la Sainte-Enfance. Et, comme récompense, la classe la plus généreuse recevait une statue de Jésus pour le reste du mois.

En temps de grosses tempêtes, il est précisé qu'on venait chercher les élèves avec une sleigh. On lit aussi que les résidants de Château-Richer payaient leurs taxes scolaires avec des billots de quatre pieds. Et, coutume un peu spéciale, les enfants du couvent de Château-Richer à l'approche de l'été allaient à l'école avec leurs maillots de bain sous leurs vêtements pour être prêts à sauter dans le fleuve après la classe.

Rappelons que le couvent cessera toute activité scolaire en 1972 pour être occupé par des organismes communautaires, et ce, jusque dans les années 90. Il fut acquis en 2000 par le Centre d'interprétation de la Côte-de-Beaupré et entièrement rénové deux ans plus tard.

 

Une foule d'activités cet été

Dans le but d'éduquer la population, le Centre d'interprétation de la Côte-de-Beaupré offre une foule d'activités tant pour les adultes que pour les groupes scolaires, en hiver, et les groupes des camps de jour, en été.

Afin de capter l'attention des jeunes, le Centre a créé des jeux d'exploration et de fabrication à travers lesquels les participants s'initient à l'archéologie. En partant sur les traces d'Angélique, ils découvriront comment s'amusaient les enfants d'autrefois. Dans les classes du vieux couvent, ils apprendront à manier la plume et l'encrier pendant que d'autres se mettront à l'heure du carcajou.

Et comme le mois d'août est dédié à l'archéologie, on vous propose, le dimanche 2 août, en répétition le dimanche 6 septembre, une animation qui retrace la guerre de la Conquête telle que vécue sur la Côte-de-Beaupré. Quatorze jours plus tard, soit le dimanche 16 août, vous êtes conviés à un atelier familial d'initiation à l'archéologie avec pelles et truelles. Enfin, le 5 septembre, il y aura une conférence sur les paysages en mutation de la Côte-de-Beaupré en compagnie de l'architecte Erick Rivard.

Pour information ou réservations 418-824-3677; courriel : info@ histoire-cotedebeaupre.org; site Internet : www.histoire-cotedebeaupre.org