Le style arts and crafts dans l'architecture résidentielle, issu de la tradition britannique, est apparu au début du XXe siècle dans l'agglomération montréalaise. Il se caractérise par des plans décontractés et informels intégrant des éléments d'artisanat construits sur mesure.

Le style arts and crafts dans l'architecture résidentielle, issu de la tradition britannique, est apparu au début du XXe siècle dans l'agglomération montréalaise. Il se caractérise par des plans décontractés et informels intégrant des éléments d'artisanat construits sur mesure.

C'est à Montréal-Ouest que l'on retrouve le plus grand nombre de bâtiments de ce style puisque l'architecte Alfred Payne, lui-même disciple de cette école, a dessiné les plans de la moitié des maisons de Montréal-Ouest après la Première Guerre mondiale. L'architecte Payne était d'autant mieux placé que son frère William était entrepreneur en construction, ce qui lui facilitait les commandes de plans et devis.

La résidence du 123, Wolseley Nord, construite en 1927, est l'une des créations d'Alfred Payne que lui avait commandée Edwin Crabtree, industriel qui avait fait construire un moulin à papier dans le village du même nom, non loin de Joliette. C'est sa fille qui l'habitera de 1927 à 1970.

La maison, propriété de Anastasios Boubalos et de Carole Saveedra, a remporté le Prix émérite du patrimoine de la ville de Montréal-Ouest et a été retenue par la Ville de Montréal et Héritage Montréal parmi les cinq finalistes du concours «La Maison Coup de coeur de l'année» de l'Opération patrimoine architectural.

Elle est caractérisée par son porche et son solarium vitrés, munis d'impostes, ses chevrons apparents ainsi que par ses lucarnes et pignons décorés d'ornements de bois. Cette demeure a bénéficié d'un entretien très méticuleux des propriétaires qui lui ont redonné son lustre d'origine depuis leur acquisition en 1999.

«Cette maison nous a plu dès le début. Elle était dans un bon état, mais il lui manquait le lustre qui en fait une propriété charmante qui attire les regards. Certains éléments extérieurs avaient été recouverts d'aluminium que nous avons fait enlever afin de redécouvrir le bois d'origine», raconte M. Boubalos, en expliquant avoir été attiré par la restauration des vieux bâtiments depuis son adolescence alors qu'il regardait la série télévisée américaine Sold-out dans les années 1970.

Avec l'expertise de Royal Boulanger de Beloeil, l'oncle de Saveedra, le propriétaire a donc entrepris dans ses heures de loisir la pénible tâche de décaper les planchers intérieurs et les motifs ornementaux de la façade extérieure pour ensuite les repeindre. Un travail de longue haleine qui s'est échelonné sur plusieurs années.

Le couple a fait appel aux services du designer François Bérubé pour la rénovation de la cuisine et la transformation de l'ancienne chambre de la bonne en salle de lavage. L'expertise du designer a aussi été utile dans l'installation d'un buffet en chêne teint qui s'harmonise avec le plancher et les éléments décoratifs. Un jardinier paysagiste a aussi été retenu pour repenser les abords de la propriété.

La résidence compte au rez-de-chaussée une grande salle à dîner d'époque, une cuisine moderne, une salle de toilette (powder-room), une buanderie, un salon confortable avec un foyer d'origine et un bureau. À l'étage, on compte quatre chambres et deux salles de bain. Le bâtiment comporte également un grenier comme autrefois et un sous-sol aménagé.

La résidence constitue un très beau témoignage du style architectural arts and crafts d'inspiration britannique qui a été popularisé après la Première Guerre mondiale.