Les bâtiments résidentiels de style Art déco ou «modern style» (selon l'historien de l'art Michel Lessard) sont plutôt rarissimes au Québec et on les retrouve dans les villes. Le plus célèbre d'entre eux est la Maison Cormier, du nom de l'architecte Ernest Cormier, qu'il fit construire en 1930 au 1410 Ouest, avenue des Pins, et qui fut un temps la résidence de l'ex-premier ministre Pierre-E. Trudeau.

Les bâtiments résidentiels de style Art déco ou «modern style» (selon l'historien de l'art Michel Lessard) sont plutôt rarissimes au Québec et on les retrouve dans les villes. Le plus célèbre d'entre eux est la Maison Cormier, du nom de l'architecte Ernest Cormier, qu'il fit construire en 1930 au 1410 Ouest, avenue des Pins, et qui fut un temps la résidence de l'ex-premier ministre Pierre-E. Trudeau.

Dans un secteur résidentiel de Côte-des-Neiges au 4955, rue Ponsard, non loin du boulevard Décarie, un bâtiment Art déco fraîchement restauré et qui se démarque des constructions avoisinantes vient de se mériter le Prix émérite du patrimoine de l'arrondissement de Côte-des-Neiges-Notre-Dame-de-Grâce pour son entretien méticuleux et sa restauration réussie. La résidence est également l'une des cinq finalistes du concours «La Maison coup de coeur de l'année».

«Après avoir vécu plus de 20 ans dans un appartement au centre-ville, je cherchais une propriété avec un grand espace vert où je pourrais aménager un jardin. C'est en la voyant que je suis tombée sous le charme», raconte Marie Giguère en précisant que l'acquisition ne remonte qu'à l'automne dernier. Avec son conjoint, Arthur Rosenberg, ils ont donc déménagé dans leur nouvelle habitation où d'importants travaux de restauration et d'agrandissement avaient été entrepris par l'ancien propriétaire David Thow. Ils ont poursuivi l'oeuvre de restauration en faisant réparer le balcon semi-circulaire qui tombait en ruine et en améliorant l'entrée du garage au sous-sol.

Le bâtiment construit en 1938 se distingue par ses formes épurées et ses courbes, typiques du style Art déco. La fenestration est conçue selon une ligne horizontale, à l'exception d'une embrasure verticale formée de blocs de verre qui éclaire le jour l'escalier monumental menant au premier étage. À l'arrière, une terrasse de même facture semi-circulaire que le balcon de la façade équilibre la géométrie de la maison.

C'est l'entrepreneur Steven Steinwold, dont le père possédait une fonderie à Sorel, qui a réalisé les travaux de restauration et d'agrandissement. Il a dû refaire les moulures en plâtre à la main et recaper le garde-corps ouvragé de l'escalier monumental en acier trempé. Un travail méticuleux et de longue haleine.

Au rez-de-chaussée, la seule pièce intacte est ce qui fut probablement le salon avec son foyer d'origine. Cette pièce est maintenant utilisée comme salle à manger.

Une rénovation récente qui a consisté à démolir des murs intérieurs et à agrandir par l'arrière permet maintenant d'avoir une grande pièce à aire ouverte où l'on retrouve la cuisine, une petite salle à manger et un grand salon. À l'étage, on compte quatre chambres et deux salles de bain.

Une famille de musiciens

Selon les informations recueillies par les propriétaires actuels, les plans du bâtiment ont été réalisés par l'architecte Harold J. Doran, celui qui avait fait les plans du complexe Benny Farm après la Guerre. La résidence avait été construite pour Harry Raginsky et sa femme Vera Guilaroff, tous les deux artistes qui firent des tournées de vaudeville dans les années 1920 aux États-Unis. Par la suite, Vera, qui était pianiste, entreprit une carrière à la radio ici et en Angleterre où elle enregistra deux disques. Pendant la guerre, elle joua pour les Forces armées canadiennes et se consacra par la suite à la composition. Sa soeur Olga, également pianiste, a aussi habité la maison.

Son frère, Sydney, célèbre styliste des stars d'Hollywood telles que Lucille Ball, Grace Kelley, Judy Garland et Marylin Monroe, séjournait dans la résidence de la rue Ponsard lors de ses visites à Montréal.