Depuis mai dernier, les amateurs d'architecture et de maisons-cultes ont une nouvelle adresse à mettre à leur agenda: la maison de verre Glass House.

Depuis mai dernier, les amateurs d'architecture et de maisons-cultes ont une nouvelle adresse à mettre à leur agenda: la maison de verre Glass House.

 Conçue par l'architecte américain Philip Johnson, elle est située dans la ville de New Canaan, un endroit prisé par les riches propriétaires de résidences modernistes et de maisons monstres, dans l'État du Connecticut, aux États-Unis.

 Le domaine de 47 acres de la Glass House compte 14 structures et les visiteurs courent les voir. La preuve, les tours guidés affichent complet jusqu'en juillet 2008! Il faut dire que chaque groupe est limité à 10 personnes, afin que cette expérience demeure intime, dit-on.

 «C'est un endroit formidable», affirme Phyllis Lambert, fondatrice du Centre canadien d'architecture (CCA), à Montréal. Mme Lambert s'est souvent rendue sur les lieux et elle rappelle que l'idée de la Glass House provient de Mies van der Rohe, véritable gourou du modernisme aux États-Unis. «Philip (Johnson) a utilisé ce domaine pour faire de l'expérimentation, notamment avec la lumière et sa Glass House est un pavillon qui semble avoir été légèrement déposé sur la prairie», résume-t-elle.

 «Cette maison est un fantasme d'architecte moderne», enchaîne Martin Dubois, consultant en patrimoine architectural et auteur du livre Architecture, habitat et espace vital au Québec 100 maisons contemporaines. Cette construction faite de verre et d'acier représente un summum de pureté. «Mais ça ne doit pas être facile d'y vivre. Il faut un site très privé pour s'y sentir à l'aise», ajoute-t-il.

 Décédé en 2005, à l'âge de 98 ans, Philip Johnson a habité sa résidence de verre jusqu'à sa mort. Plantée sur un immense domaine, cette habitation construite en 1949 se trouve à l'abri des regards indiscrets. Ludwig Mies van der Rohe a, lui aussi, conçu une maison complètement vitrée: la Farnsworth House, dans l'Illinois. Les deux habitations comptent parmi les 28 constructions américaines appartenant à l'organisme sans but lucratif National Trust for Historic Preservation.

 Les deux architectes se sont côtoyés et ont travaillé ensemble sur l'un des plus beaux édifices de New York: le Seagram.

 J'étais donc émue en roulant sur la route Ponus Ridge, en direction de la Glass House. En arrivant, le premier édifice qui m'est apparu n'avait pourtant rien de bien moderne. Cette ancienne maison de bois a servi de résidence à David Whitney, collectionneur d'art réputé et fidèle ami de Philip Johnson.

 Le domaine vert et parfaitement bien aménagé de la Glass House est d'une grande beauté. J'aperçois une autre construction sur mon chemin, le Da Monsta, un pavillon à l'architecture imposante réservé aux visiteurs. Avant d'accéder à la résidence Glass House, je prends le temps d'examiner l'extrême dépouillement de la sculpture de béton de Donald Judd, un maître à penser dans le milieu de l'art minimal. Cette pièce circulaire est l'unique création de Judd laissée sur les lieux. Les autres ont été offertes au MoMA.

Enfin, je pousse l'une des portes vitrées de la fameuse maison au style International. Ma guide précise que ce genre architectural est une interprétation américaine du modernisme européen.

 Me voilà à l'intérieur. Je vois la verdure à travers les quatre murs invisibles. L'effet est saisissant. Je cesse de parler et je n'ai qu'une envie: admirer. «Tous les visiteurs ont tendance à se taire en entrant dans la Glass House. Ils vivent une sorte d'expérience spirituelle», témoigne Amy Grabowski, directrice des affaires extérieures à la Glass House.

 L'espace fait 1728 pieds carrés. Sous le plancher en carreaux de céramique se trouve un système de chauffage à l'eau chaude. Ces carreaux aux allures de brique ont également servi à construire le mur circulaire qui enveloppe la salle de bains. Des armoires font office de tête de lit et un tableau de Nicolas Poussin est exposé dans l'espace «salon». La plupart des meubles, dont le modèle original du lit de repos, proviennent de l'appartement new-yorkais de Philip Johnson. Ils ont été conçus en 1930 par Mies van der Rohe.

 À quelques pas, se trouve la Brick House, sorte de moitié opaque de la Glass House. Elle contient les systèmes «inesthétiques» qui alimentent les deux bâtiments. Seules trois fenêtres et un puits y laissent filtrer la lumière.

 Enfin, parmi les 14 structures - toutes impressionnantes -, il y en a une qui est particulièrement fascinante: la Sculpture Gallery. Sa toiture rayée de fenêtres crée un effet zébré. L'endroit est rempli d'oeuvres d'art, dont certaines réalisées par Frank Stella, Robert Rauschenberg et George Segal.

 Les oeuvres sont nombreuses sur le site. On découvre notamment une toile contenant une suite de portraits de Philip Johnson. Elle est signée Andy Warhol.

 Sur Internet: www.philipjohnsonglasshouse.org

 

Photo Lucie Lavigne, La Presse

La célèbre maison de verre Glass House a ouvert ses portes au public le printemps dernier. Déjà, elle affiche complet pour l'année 2007.