J'adore le printemps, l'odeur de la terre, les journées plus longues, les premières fleurs. Cette année, il est un peu décalé. Pâques sous la neige. Une invitation pour une conférence à Vancouver m'amène à lui par anticipation. Les cerisiers sont déjà en fleur, le soleil semble les faire scintiller.

J'adore le printemps, l'odeur de la terre, les journées plus longues, les premières fleurs. Cette année, il est un peu décalé. Pâques sous la neige. Une invitation pour une conférence à Vancouver m'amène à lui par anticipation. Les cerisiers sont déjà en fleur, le soleil semble les faire scintiller.

Après mon déjeuner dans un café de la rue Georgia, je me rends à Stanley Park pour une belle balade qui commence par la plage de la baie des Anglais (English Bay). C'est en fait leurs plaines d'Abraham qui donnent sur l'océan Pacifique. En sortant par le nord, je découvre une forêt de tours de condominiums qui donne sur la marina et les Rocheuses.

Il y a présentement 47 tours du même type en construction dans le centre-ville. Dans ce dernier, la population a doublé dans les 20 dernières années passant à 80 000 personnes. On sent ici un véritable boom, et la présence asiatique est impressionnante.

À la Vancouver Art Gallery (www.vanartgallery.bc.ca), il y a une exposition du photographe Fred Herzog, un Allemand qui s'est installé à Vancouver dans les années 50. On découvre, parmi la centaine d'oeuvres exposées, l'évolution phénoménale de cette ville dans les 50 dernières années. D'un ensemble de petits immeubles en brique avec d'immenses affiches commerciales lumineuses, on se retrouve avec cette forêt d'immeubles en verre.

Mais pour moi, Vancouver est avant tout associée aux architectes Patricia et John Patkau. J'ai découvert leurs maisons il y a une quinzaine d'années. Lors de mon précédent voyage, John m'a fait visiter l'une d'elles. Depuis, nous avons participé ensemble à deux expositions à Vancouver.

J'ai toujours été fasciné par l'intelligence avec laquelle le duo intègre ses projets au paysage et à l'élégance des assemblages entre la structure et les matériaux. Je vous présente aujourd'hui deux de leurs maisons, l'une est à Vancouver et l'autre sur l'île de Vancouver.

 La maison Barnes

La maison profite de la pente du terrain pour permettre à chacun des étages d'avoir un contact distinct avec le sol. On arrive depuis le haut, l'ensemble se présente sous la forme d'un volume très simple en crépis, percé de façon très élégante par de larges fenêtres de bois. Dès l'entrée, c'est la structure du bois qui surprend. Depuis l'extérieur, on ne peut percevoir les multiples plans de bois de la toiture que portent trois colonnes de béton qui prennent l'allure d'arbres avec leurs branches d'acier.

Les pièces de vie principales que sont le séjour et la salle à manger forment le coeur de la maison. Le mobilier de bois, épuré, donne à l'ensemble un aspect très apaisant. Quelques marches permettent d'accéder à la chambre principale, tandis qu'une large ouverture, dans laquelle s'inscrit l'escalier principal, unifie les deux étages. Le plancher de béton «s'étire» jusqu'à l'extérieur pour créer une belle terrasse qui donne sur le Pacifique. Quelques arbres en premier plan l'enveloppent. Un endroit magnifique pour la contemplation.

 La maison Shaw

La maison Shaw est située en ville sur un terrain étroit qui donne directement sur la rive sud de la baie des Anglais. On voit la silhouette du centre-ville et celle des montagnes au loin. La maison a un élément tout à fait insolite, la piscine se trouve au premier étage et le fond est en verre transparent. Depuis le parvis de l'entrée, à l'extérieur, on voit la lumière du soleil qui passe à travers l'eau pour éclairer de tous ses reflets les arrivants.

Une fois à l'intérieur, il y a une série de paliers qui nous donne l'impression de descendre lentement vers l'eau. Le premier palier est celui de l'entrée, le deuxième celui de la salle à manger et le dernier celui du séjour qui se prolonge à l'extérieur pour créer une magnifique terrasse. Le béton des planchers est tellement bien poli qu'on a l'impression qu'il est constitué d'immenses dalles de pierre. À l'intérieur, la hauteur sous-plafond est très généreuse et nous fait oublier que l'ensemble est relativement étroit.

À l'étage, la piscine occupe toute la longueur de la maison sur le tiers de sa largeur. Deux petites terrasses à chacune des extrémités permettent l'accès à la piscine, l'une donnant sur la chambre et l'autre sur un bureau. Les murs sont blancs, les portes et le mobilier sont en bois blond.

Cette atmosphère apaisante favorise la contemplation du paysage grandiose de Vancouver. Une réalisation très soignée que les architectes ont dessinée jusque dans les moindres détails.

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Pierre Thibault est architecte à Québec depuis plus de 20 ans. Diplômé de l'Université Laval, il partage dans nos pages sa vision de l'architecture et son expérience du milieu de l'habitation.

Photo tirée du livre PatkauArchitects, The Monacelli Press, 2006.

Pour la Barnes House, le volume est très simple en crépis, percé de façon très élégante par de larges fenêtres de bois.