Révolue, l'époque où l'architecture semblait inaccessible et réservée à une certaine élite ? Peut-être pas, mais il faut avouer qu'elle se faufile de plus en plus jusque dans nos maisons. Anatomie d'un petit succès, celui de l'architecture résidentielle.

La médiatisation de l'architecture

«Je dirais qu'on fait moins peur qu'il y a 20 ans!», lance d'emblée l'architecte Anne Cormier. Selon elle, la presse a joué un grand rôle dans l'apprivoisement de l'architecture par M. et Mme Tout-le-Monde. «Montrer d'autres façons d'habiter a incité les gens à se dire "Oh! on n'est pas obligés de vivre dans du préfabriqué, du prépensé"», estime-t-elle.

Cette opinion est partagée par des firmes montréalaises qui font beaucoup d'architecture résidentielle, dont _naturehumaine. «Depuis 10 ans, il est apparu beaucoup de sites consacrés à l'architecture, comme ArchDaily, Architizer ou Dezeen, note Stéphane Rasselet, cofondateur de _naturehumaine. Ces blogues nous montrent vraiment ce qui se passe dans le résidentiel à travers le monde.»

Le côté humain

«Pour nous, faire du résidentiel, c'est un choix», affirme Sébastien Parent, cofondateur de La Shed avec Yannick Laurin et Renée Mailhot. «On aime l'approche avec les clients, définir les cuisines, les salles de bains... Il y a un côté très humain à ça. Quand on fait un bâtiment institutionnel, on parle avec un représentant de gouvernement et c'est plus froid comme contact.»

Les gens s'identifient aussi plus facilement à l'architecture résidentielle, ne serait-ce que parce qu'ils vivent eux-mêmes dans une maison, croit M. Parent. «Quand tu leur montres une belle maison, ils s'imaginent y vivre, ils comprennent ce qu'ils voient.»

La plus-value de l'architecte

La médiatisation de l'architecture a aussi eu un autre avantage, celui d'une meilleure compréhension du métier. «Avant, on ne parlait pas du tout de l'architecte et de son rôle, donc les gens n'avaient aucune idée de ce que ça faisait, un architecte», remarque Sébastien Parent, de La Shed. Mais même si les clients sont moins réticents qu'avant à acquitter les honoraires, ce n'est pas demain la veille que tout le monde pensera à engager un architecte pour sa maison. «Il commence à y avoir un intérêt, mais ce n'est vraiment pas la norme. Il y a encore énormément de travail à faire, et on est loin du succès global», conclut Sébastien Parent.