Deux sportifs de haut niveau emménagent dans une maison sur mesure, proche des sentiers et des chevreuils. Une maison très écologique, pensée pour le ressourcement et la cuisine efficace.

«Nous voulions une maison sur mesure, réfléchie, avec une juste utilisation des ressources», pose d'emblée Simon Bois, qui a suivi de près le chantier et veillé à ce que tout soit «sur la coche», des matériaux à la peinture en passant par l'emplacement des prises électriques.

À la fin du mois de septembre, Joannie Sanche et Simon Bois ont emménagé dans leur résidence de Val-David, construite par Écohabitations boréales. Il y a 10 jours, la maison a obtenu la prestigieuse certification écologique LEED, niveau platine.

L'habitation est de style Craftsman: poutres, pierre, pignons rustiques, revêtement d'épinette à gorge (Maibec) et lignes droites contemporaines. Pour la dessiner, le technologue Sylvain Charrette s'est inspiré des plans préliminaires fournis par Simon Bois. Le défi majeur: épouser la topographie abrupte du terrain.

Les voisins chevreuils

Les 2750 pi2 de superficie sont répartis sur trois étages en un design compact, mais la sensation d'espace est préservée, grâce aux hauts plafonds (9 pi) et aux immenses vitres côté sud, facteur de grande proximité avec la nature. À toute heure du jour, deux ou trois chevreuils grignotent les carottes laissées là par leurs voisins humains, chacun observant l'autre par la fenêtre. Une simple bande de terre sépare en effet le salon du parc régional de Val-David-Val-Morin, le reste du terrain (quatre acres et demi) étant réparti sur les côtés et à l'avant.

Plein air et simplicité 

La proximité d'un grand réseau de plein air était une des exigences de ce couple de sportifs de haut niveau, qui vit au rythme des triathlons, Iron Man et autres épreuves sportives. «Les sentiers sont à 500 m à peine», se réjouit Simon.

Photo Olivier Pontbriand, La Presse

La table vient de chez Boutique Toquade et le luminaire, en bois de chevreuil, est une réalisation de Boivin Lampiste.

Photo Olivier Pontbriand, La Presse

Joannie Sanche et Simon Bois dans leur cuisine.

Le couple aspirait à une grande simplicité. «Notre travail nous amène à voir des choses vraiment difficiles, explique Simon Bois, pompier pour la Ville de Montréal, alors que sa compagne est médecin urgentiste à l'hôpital Laurentien, à Sainte-Agathe-des-Monts. Chez nous, ça doit être un lieu de ressourcement.»

La cuisine efficace 

Qui dit sport dit alimentation soignée. «Nos jours de congé sont consacrés à 95% au sport, dit Simon Bois. L'autre tranche de 5% est pour cuisiner.» «Nous voulions pouvoir entreprendre 10 recettes en même temps, enchaîne Joannie Sanche.»

La cuisine, au rez-de-chaussée, a été confiée à la designer d'intérieur Emmanuelle Landry (Abel Design, à Sainte-Adèle), qui s'est prêtée avec enthousiasme aux exigences écologiques: armoires en érable FSC, avec caissons en panneaux sans émissions nocives (marque NU-Green). Des paniers sur rails organisent les profondes armoires, et deux larges tiroirs, dans l'îlot, assignent une place précise à chaque ustensile. Aux heures des «5%», les tofus au général Tao, ragoûts végétariens et collations attendent en file, à côté du fourneau, leur tour de cuisson, pour s'entasser ensuite dans le congélateur en portions séparées.

L'espace cuisine s'élargit naturellement en salle à manger et en salon au-dessus desquels un plafond cathédrale laisse voir la mezzanine. Le plancher de cette aire ouverte est en bois d'ingénierie, posé sur une dalle de béton chauffante.

Ranger l'équipement sportif 

Les vélos de route, skis de fond, raquettes et autres équipements sportifs sont rangés au rez-de-jardin, sur une dalle radiante de béton poli, qui ne craint ni la boue ni la neige fondante. L'endroit contient aussi les fusils de chasse. «Si je ne chassais pas, nous serions végétariens à 100%, du moins à la maison», confie Simon Bois.

Un virtuose de la pelle  

Le dénivelé du terrain a défié non seulement le dessinateur, mais aussi le constructeur. «Nous avons eu un virtuose de la pelle mécanique, Yannick Ogilvie [Excavation W. Ogilvie et fils]», relate Julie Hudon, d'Écohabitations boréales. Une pelletée après l'autre, en protégeant les arbres autant que faire se peut, il tirait du sol de grosses roches, certaines de la taille d'une voiture. Ces roches ont servi à ériger les murets bloquant l'érosion de la montagne.

Ouverte aux autres, la maison abrite aussi un projet familial, avec ses quatre chambres à coucher et la proximité du village, à 3 km, avec école et épicerie.

Photo Olivier Pontbriand, La Presse

La concession, en l'occurrence: un toit en bardeau d'asphalte de première qualité, mais pas en acier ou en bardeau de pneus recyclés. «Le surcoût aurait été trop élevé, explique Simon Bois. Nous avons préféré mettre l'argent sur l'isolation.»

La réussite est dans les détails

C'est en prenant soin des mille et un détails de cette maison que le constructeur Écohabitations boréales a atteint une qualité écologique élevée. La durabilité et l'économie d'énergie relèvent d'une démarche méticuleuse, dans le choix des matériaux et à chaque étape de construction.

Durabilité

La durabilité du bâtiment, un élément écologique de poids, a été maximisée par une quarantaine de mesures, explique Julie Hudon, responsable de la logistique chez Écohabitations boréales. Mesures de stabilisation, notamment: plaques de renforcement à la jonction de certaines poutres, ainsi que béton armé dans les semelles et les murs de fondation. Entre autres mesures: des moulures antirongeurs bloquant l'accès à la couche d'air entre les murs et le revêtement; drain français supérieurement protégé, membrane d'étanchéité en plastique (Delta) sur les fondations, plus durable que le goudron; fibre géotextile dans les murets de pierre, contre l'érosion.

Énergie

La performance énergétique est capitale dans le bilan environnemental d'une maison. Ici, le bâtiment, orienté plein sud, profite de la chaleur solaire. Sa grande étanchéité (0,7 CAH au taux d'infiltrométrie) est un véritable tour de force, compte tenu de la présence d'un foyer et de pignons. La température de confort est abaissée par le chauffage radiant. Ajoutons: des vitrages triples, des murs dotés d'une double membrane pare-air et pare-vapeur, un échangeur d'air supérieur et une pompe ultraperformante pour l'eau de puits. Résultat: une cote ÉnerGuide (mesure de Ressources naturelles Canada) de 83, ce qui est très élevé.

Matériaux

Les matériaux, sujet d'innombrables courriels avec les fournisseurs, ont été choisis pour protéger la santé des occupants comme celle de l'écosystème. Quelques exemples: les portes intérieures, en fibre de bois recyclée (Emerald Core, de Masonite); les armoires de cuisine, aux caissons en panneaux NU Green (d'Uniboard, sans urée formaldéhyde ajoutée) et aux portes en érable local certifié FSC; les 2 X 6 de la charpente et les panneaux de sous-plancher, en bois certifié FSC; les coulis et scellant non toxiques (Mapéi, société québécoise). Les quantités ont été minimisées par un logiciel d'optimisation des matériaux, et 67% des déchets de chantier ont été portés au recyclage.

Eau 

La gestion écologique de l'eau se manifeste ici par un réseau de plomberie compact, qui minimise le trajet de l'eau chaude: les deux salles de bains sont l'une au-dessus de l'autre et à côté de la cuisine. Un récupérateur de chaleur des eaux grises préchauffe l'eau avant son arrivée dans le chauffe-eau électrique, et toutes les conduites d'eau chaudes sont isolées. Enfin, les salles de bains arborent des toilettes à double chasse, ainsi que des robinets et une pomme de douche à très haute efficacité (respectivement de JL Baril et de Riobel, deux entreprises québécoises).

Terrain

L'aménagement paysager apporte lui aussi des points écologiques. Dans le cas présent, le déboisement a été minimisé par une conception adaptée à la topographie et par la précision du pelletage mécanique (Excavation Ogilvie et fils). Par ailleurs, l'érosion est contrôlée par des barrières à sédiments, notamment des murets de pierre munis de fibre géotextile. La superficie déboisée non occupée par la maison a été aménagée à 90% avec des végétaux, et à 10% avec un matériau perméable (de la pierre concassée), qui laisse l'eau percoler le sol et non former des ruisseaux destructeurs.

Photo Olivier Pontbriand, La Presse

Vue plongeante du salon, du haut de la mezzanine. Le plancher est en bois d'ingénierie sur dalle chauffante.