On dirait le titre d'un roman à suspense... Mais le personnage principal, Luc Muyldermans, n'est ni détective ni agent secret. Ingénieur et architecte (compagnie Thermtech), il a observé, de 1991 à 2003, la consommation en chauffage de six locataires consécutifs dans sa maison du Bois Nicol, au centre-ville de Sherbrooke. Lors de la construction, il avait pris soin d'installer un compteur électrique spécifique relié au système de chauffage (plinthes et convecteur).

«Je voulais voir concrètement les variations d'un locataire à l'autre, explique-t-il. Je voulais aussi vérifier l'exactitude du logiciel de prévision Hot-2000 et voir si la performance de la maison se maintenait au fil des années.»

M. Muyldermans, pionnier de la construction écologique au Québec, est engagé depuis les années 80 dans la création de maisons écosolaires. Inutile de dire qu'il lui importe de concevoir des logis efficaces sur le plan énergétique. «Mais quel que soit le soin mis au bâtiment, souligne-t-il, il demeure que le comportement des occupants eux-mêmes est un très grand facteur modulant la demande d'énergie.»

La maison du Bois Nicol fait trois étages. De conception solaire passive, elle a une isolation beaucoup plus poussée qu'une maison ordinaire, des masses thermiques importantes et des miroirs sous les débords de toit, ce qui augmente la pénétration de lumière en hiver. Ces qualités lui ont valu une reconnaissance au gala Énergia 1992 de l'AQME (Association québécoise pour la maîtrise de l'énergie).

Théorie et pratique

En entrant les données du bâtiment dans le logiciel Hot-2000, on pouvait prédire qu'une famille moyenne consommerait 7015 kilowattheures par année, comparativement à 20 399 kWh/an pour une maison ordinaire comparable. Les premiers occupants, un couple québécois, tombent pile sur ce résultat théorique, avec un résultat de 7000 kilowattheures par année. Pour les ménages 2 et 6, «on peut présumer qu'ils n'étaient pas très attentionnés à l'économie d'énergie, commente M. Muyldermans. On peut également déduire que les Français, constituant le ménage numéro 4, étaient des gens très sensibles à l'efficacité énergétique.»

L'architecte et ingénieur estime que sur une période de 10 ans, cette maison a permis d'épargner 10 000$ en chauffage.

www.thermtech.ca

Photo: La Presse