La propriétaire de ce triplex de brique, construit en 1927 et situé dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve, veut y vivre confortablement à l'étage supérieur. Tant qu'à faire des rénovations, «autant les faire comme il faut, dit-elle, recevoir les meilleurs conseils et profiter des subventions».

La dame avait déjà réalisé certains travaux avant de faire affaire avec la firme d'experts-conseils en bâtiment Legault-Dubois. Les plafonds de plâtre du logement du haut, notamment, avaient été défoncés pour construire un plafond plus bas. «Travaux inadéquats, déplore le conseiller énergétique Pascal Cabana. Ils ont causé, malheureusement, de nouvelles brèches dans l'enveloppe du bâtiment. Les cloisons ouvertes dans les combles agissent maintenant comme des cheminées.» Comment corriger les erreurs, améliorer la performance énergétique de l'immeuble et le rendre confortable?

Infiltrographie

À la visite d'inspection-évaluation de l'habitation, deux conseillers en efficacité énergétique ont utilisé, à la demande de la cliente, «l'infiltrographie», technique qui combine les outils diagnostiques que sont l'infiltrométrie et la thermographie.

Dans les secondes qui suivent la mise en marche du ventilateur de l'infiltromètre, on sent très bien, à la main, les courants d'air près des cadres de fenêtres ou des jonctions entre les murs le plancher. L'air de la maison est expulsé par le ventilateur, ce qui fait entrer l'air frais par les trous ou les endroits perméables. «La caméra thermographique permet de voir avec précision le refroidissement des surfaces qui en découle», explique M. Cabana.

Par où commencer?

Alors que le chauffage à l'électricité représente ordinairement de 50 à 60% de la consommation d'énergie d'un ménage, d'après l'Agence de l'efficacité énergétique, il compte pour 77% dans cette habitation, d'après la modélisation de Legault-Dubois. Les plus grandes pertes d'énergie proviennent des fuites d'air.

Le triplex économisera 33% de la facture de chauffage (plus ou moins, selon les logements) si la propriétaire apporte les corrections recommandées dans le rapport. L'économie sera déjà de 25% si elle voit aux problèmes majeurs: sceller un trou de 2 pieds sur 2 pieds au plafond d'un placard, d'où sortent les tuyaux d'un échangeur d'air (une dépense de 200$), et ouvrir le haut des cloisons du logement du haut pour les sceller (un déboursé de 2000 à 3000$). «On peut estimer que ces travaux prioritaires feraient économiser 1000$ par année en électricité, un chiffre prudent», souligne M. Cabana.

L'économie en chauffage grimpe encore, à 40%, si on réalise tous les travaux de scellement. Un autre petit gain serait possible en changeant les portes et les fenêtres pour des modèles Energy Star. Aucune économie d'énergie significative ne peut être attendue d'un travail sur la cave de service (déjà conforme aux normes actuelles) ou sur les appareils de chauffage.

Subventions

L'évaluation de ce triplex par Legault-Dubois, assortie d'un rapport détaillé, se chiffre à 595$. Une seconde visite (297,50$) après les travaux, validant l'amélioration de la performance énergétique, sera nécessaire pour réclamer les subventions fédérales (écoÉNERGIE de Ressources naturelles Canada). Note: ce soutien fédéral n'est accordé que si on s'est inscrit avant le 1er avril 2010. Comme c'est le cas de cette propriétaire, elle devrait recevoir des sommes prescriptives, par exemple de 190$ à 430$ pour l'effort d'étanchéisation, 375$ pour un ventilateur récupérateur de chaleur, ou encore 40$ par fenêtre Energy Star achetée. Du côté provincial, cette habitation n'étant pas une unifamiliale, elle ne se qualifiait pas. Mais elle le ferait maintenant, car depuis juin, les duplex et triplex sont admissibles.

Légendes

À gauche: la caméra thermographique montre le refroidissement des surfaces autour d'un luminaire encastré, dans le logement du haut.

En haut à droite: infiltration d'air par la prise de courant.

Au centre à droite: le ventilateur de salle de bain s'entoure de bleu à mesure que la température baisse, au test d'infiltrographie. Il y a des fuites d'air en surface du plafond autour de l'encastré, en provenance des combles.

En bas à droite: la jonction entre le mur et le plafond, à gauche par la caméra thermographique, à droite sous la lumière du jour. La cloison centrale du logement du haut de ce triplex montre d'importantes fuites d'air provenant des combles et circulant à l'intérieur du mur.