La reprise de l'offensive des forces progouvernementales yéménites, appuyées par une coalition sous commandement saoudien, sur le port stratégique de Hodeïda pour y déloger les rebelles Houthis fait craindre un nouveau drame humanitaire dans un pays ravagé par la guerre.

Mardi, des forces progouvernementales ainsi que des sources médicales ont fait état de la mort de 40 rebelles Houthis au cours des dernières 24 heures dans la région occidentale de Hodeïda, sur les bords de la mer Rouge.

Ces derniers ont vivement réagi à l'annonce, lundi soir, par des responsables de la coalition antirebelles qu'«une opération militaire destinée à libérer Hodeïda et son port avait commencé sur plusieurs axes».

Hodeïda est le principal point d'entrée des importations et de l'aide humanitaire internationale au Yémen, où trois personnes sur quatre ont besoin d'assistance, notamment alimentaire, selon l'ONU. Le pays est également menacé par une troisième vague de choléra.

Les Houthis, soutenus par l'Iran, ont accusé la communauté internationale de complicité avec le «terrorisme» de l'Arabie saoudite et de ses alliés.

«Des entrepôts internationaux d'alimentation ont été pris pour cibles [lundi] à Hodeïda, ce qui montre clairement que les États-Unis, l'Arabie saoudite, les Émirats arabes unis et leurs alliés ont l'intention de faire de ces entrepôts et de quartiers densément peuplés des cibles légitimes pour leurs opérations terroristes», a déclaré Mohammed Ali al-Houthi, chef du Conseil suprême révolutionnaire des rebelles.

Il n'a pas été possible de vérifier ces affirmations de sources indépendantes et le porte-parole du Programme alimentaire mondial (PAM), Hervé Verhoosel, a simplement déclaré: «On ne commente pas sur cette nuit».

Dans le passé, la coalition sous commandement saoudien a accusé les Houthis d'utiliser des installations civiles pour se cacher.

«Aucune inquiétude»

Dans un message distinct sur Twitter, M. Houthi a assuré que les rebelles n'avaient «aucune inquiétude tant que les enfants du Yémen défendent leur nation contre l'occupation» du pays par des forces saoudiennes et émiraties, qui sont les piliers de la coalition antirebelles.

La guerre au Yémen oppose des forces progouvernementales, appuyées par cette coalition, aux Houthis, issus d'une minorité du nord du pays, qui se sont emparés en 2014 et 2015 de vastes régions du pays, dont la capitale Sanaa.

En mars 2015, la coalition est intervenue militairement en soutien au pouvoir du président Abd Rabbo Mansour Hadi, et la guerre se poursuit depuis.

L'offensive sur Hodeïda avait débuté en juin, mais la coalition antirebelles avait marqué une pause dans ses opérations durant l'été.

Une tentative de pourparlers politiques parrainés par l'ONU a échoué plus tôt ce mois-ci à Genève, les rebelles ayant posé des conditions à leur venue.

Le 12 septembre, quelques jours après l'échec de Genève, la brigade de «Géants», une force progouvernementale appuyée par les Émiratis, avait affirmé avoir progressé autour de Hodeïda, assurant avoir pris le contrôle à deux endroits d'une route stratégique reliant la ville à la capitale Sanaa.

«Changement nécessaire»

Dans un tweet le même jour, le ministre d'État émirati aux Affaires étrangères, Anwar Gargash, avait affirmé que la «non-venue» des Houthis à Genève était «une preuve supplémentaire que la libération de Hodeïda est ce qui est nécessaire pour les amener [...] à s'engager de manière constructive dans le processus politique».

Ces développements militaires interviennent alors que le médiateur de l'ONU, le Britannique Martin Griffiths, visite la région pour tenter de relancer le processus politique et de favoriser des mesures humanitaires.

Il a quitté Sanaa mardi soir en soulignant que des progrès ont été enregistrés, y compris sur des mesures de confiance telles que la libération mutuelle de prisonniers. Il est attendu à Riyad mercredi.

Il a été question ces derniers jours d'organiser des évacuations à l'étranger de Yéménites souffrant notamment de cancer ou de graves problèmes rénaux, mais une porte-parole de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), Fadéla Chaib, a déclaré mardi qu'aucune date n'avait été fixée pour le premier vol.

«Nous attendons l'accord final de toutes les parties», a-t-elle dit.

Mardi, des malades se sont rendus au ministère de la Santé à Sanaa en pensant pouvoir partir à l'étranger, ce qui n'a pas été le cas, selon un photographe de l'AFP.

Le conflit au Yémen a fait quelque 10 000 morts, plus de 56 000 blessés et provoqué la pire crise humanitaire au monde, selon l'ONU.