La guerre au Yémen a fait depuis mars 2015 quelque 10 000 morts, dont 9500 civils, et provoqué «la pire crise humanitaire» au monde, selon l'ONU.

Le conflit oppose les forces gouvernementales aux rebelles Houthis, issus de la minorité zaïdite (branche du chiisme) et qui se sont emparés de la capitale Sanaa en 2014. Il a connu une escalade en 2015 quand l'Arabie saoudite a pris la tête d'une coalition militaire pour venir en aide aux forces loyales au président Abd Rabbo Mansour Hadi.

Civils en première ligne

Les civils, en particulier les enfants, paient un lourd tribut dans la guerre.

Jeudi, 29 enfants ont été tués dans des frappes aériennes contre un bus attribuées à la coalition.

Selon l'Organisation mondiale de la santé, le conflit a fait depuis 2015 environ 10 000 morts, dont 9500 civils, et plus de 55 000 blessés.

En juillet, le Fonds des Nations unies pour l'enfance (UNICEF) a dénoncé l'impact dévastateur du conflit sur les enfants (la moitié des quelque 22 millions d'habitants), dont 2200 ont été tués et 3400 blessés dans les combats.

«Il ne s'agit là que des chiffres que nous avons pu vérifier. Le nombre réel pourrait être bien plus élevé», a souligné la directrice générale de l'UNICEF.

Plusieurs raids imputés à la coalition ont fait de nombreuses victimes civiles, notamment contre une salle de mariage à Mokha en septembre 2015 (131 morts, la coalition a démenti être impliquée) et lors d'une cérémonie funéraire à Sanaa en octobre 2016 (140 morts).

La coalition, accusée de multiples bavures, a admis sa responsabilité dans certains raids, mais accuse les Houthis d'utiliser les civils comme boucliers humains.

Choléra

Le Yémen a enregistré plus d'un million de cas suspects de choléra, dont 2200 décès, depuis l'éclatement du conflit.

Début août, l'OMS a annoncé que le Yémen risquait d'être touché par une nouvelle «vague majeure» de cas de choléra.

Cet avertissement survenait au lendemain d'un raid aérien meurtrier visant le plus grand hôpital du Yémen dans la ville portuaire de Hodeïda contrôlée par les rebelles, alors que le personnel de l'OMS préparait une campagne de vaccination.

Une génération perdue

Selon une étude de l'UNICEF de mars 2018, près d'un demi-million d'enfants ont abandonné l'école depuis l'escalade du conflit, ce qui porte à deux millions le nombre total d'enfants non scolarisés.

«Une génération entière d'enfants au Yémen est confrontée à un avenir sombre en raison de l'accès limité ou inexistant à l'éducation», déclarait la représentante de l'UNICEF au Yémen.

Plus de 2500 écoles sont hors d'usage, dont les deux tiers ont été endommagées par des attaques, 27 % sont fermées et 7 % sont utilisées à des fins militaires ou comme abris pour des personnes déplacées.

Selon l'UNICEF, au moins 2419 enfants ont été recrutés dans les combats depuis 2015.

Pauvreté

Dès mars 2017, le coordonnateur des secours d'urgence de l'ONU, Stephen O'Brien, affirmait que le Yémen était le théâtre de la «pire crise humanitaire au monde».

Deux tiers de sa population ont besoin d'assistance, et plus de sept millions «ignorent d'où proviendra leur prochain repas», avait-il indiqué, faisant état de déplacements massifs de populations, déracinées par les combats.

Selon l'UNICEF, 78 % des Yéménites vivent dans la pauvreté. 1,8 million d'enfants de moins de cinq ans et 1,1 million de femmes enceintes ou qui allaitent souffrent de malnutrition aiguë, soit une augmentation de 128 % depuis la fin 2014.

Plus de la moitié des jeunes n'ont pas accès à l'eau potable ou à un système d'assainissement adéquat, déplore l'UNICEF.

«Crimes de guerre»

En mars 2018, Amnistie internationale a accusé des pays occidentaux de fournir des armes à l'Arabie saoudite et ses alliés qui se rendent coupables de «crimes de guerre potentiels». «Toutes les parties au conflit ont violé de manière répétée la loi internationale», notait Amnistie.

En juillet, l'ONG a fait état de violations des droits de l'homme dans des prisons secrètes gérées par les Émirats arabes unis, un pilier de la coalition, qui peuvent être «assimilées à des crimes de guerre». Abou Dhabi a démenti diriger ou encadrer de telles prisons.