La Commission pakistanaise des droits de la personne a dénoncé lundi des tentatives « flagrantes [et] agressives » de manipuler les élections législatives du 25 juillet, par ailleurs endeuillées par une série d'attentats sanglants la semaine dernière.

Au moins 175 personnes sont mortes dans trois attentats la semaine dernière, dont 149 vendredi lors d'un meeting électoral au Baloutchistan, la deuxième attaque la plus meurtrière de l'histoire du Pakistan. La puissante armée est par ailleurs accusée d'ingérence dans le scrutin à venir.

Malgré cela, la Commission électorale pakistanaise a dit vouloir mener le processus à son terme « à tout prix ».

Mais, la Commission pakistanaise des droits de l'Homme (HRCP), un organisme public indépendant, s'est déclarée « gravement préoccupée par ce qu'elle voit comme des tentatives flagrantes, agressives et éhontées de manipuler le résultat des élections à venir ».

« Alors qu'il est critique que se tienne le scrutin, il y a désormais des bases solides pour douter de sa légitimité - avec des implications alarmantes pour la transition du Pakistan vers une réelle démocratie », a-t-elle ajouté dans un communiqué.

Les attentats ont donné lieu à de fortes critiques envers l'armée, accusée d'interférer dans la vie politique, au détriment de la sécurité du pays. La situation sécuritaire s'est malgré tout fortement améliorée depuis 2015.

« Ces attaques se produisent, car les agences de sécurité sont impliquées dans la politique et non pas occupées à faire leur travail », a affirmé à l'Agence France-Presse (AFP) Mushahidullah Khan, un cadre de la Ligue musulmane pakistanaise (PML-N), le parti au pouvoir jusqu'en mai dernier, qui a fait face à une longue série de déboires judiciaires et politiques depuis un an.

« Ces élections se déroulent dans un climat de peur », a remarqué de son côté Bilawal Bhutto-Zardari, le chef du Parti du peuple pakistanais, lundi lors d'une visite à Quetta, la capitale du Baloutchistan. « J'espère que les élections se tiendront le 25 juillet », a-t-il ajouté.

Les accusations contre les militaires ont été exacerbées par l'arrestation de l'ex-premier ministre Nawaz Sharif vendredi alors qu'il rentrait de Londres. Le fondateur de la PML-N avait été condamné début juillet à 10 ans de prison en son absence pour une affaire de corruption qui lui avait déjà valu d'être destitué en juillet 2017.

Lui et son parti affirment être ciblés par l'armée, qui est aussi accusée par des médias, analystes et politiciens d'user de menaces et d'intimidations visant à favoriser le Tehreek-e-Insaf party (PTI) de l'ex-champion de cricket Imran Khan.

Les militaires, qui ont gouverné le Pakistan pendant près de la moitié de son histoire, affirment ne jouer « aucun rôle direct » dans les élections. Ils ont toutefois indiqué qu'ils déploieraient 370 000 soldats le jour du scrutin pour en assurer la sécurité.