L'épouse du remier ministre israélien Sara Nétanyahou a été mise en examen jeudi pour « fraude » et « abus de confiance », a annoncé le ministère de la Justice dans un communiqué.

La mise en cause de Mme Nétanyahou, qui aura 60 ans en novembre, ne semble pas de nature à avoir un effet politique immédiat pour son mari, étranger au dossier. Mais elle s'ajoute aux différentes affaires de corruption présumée qui menace le long règne du premier ministre.

Elle braque à nouveau les projecteurs sur une figure omniprésente et réputée influente auprès de Benyamin Nétanyahou, et dont la presse éclaire régulièrement d'une lumière peu favorable les agissements personnels.

Mme Nétanyahou est soupçonnée d'avoir commandé entre septembre 2010 et mars 2013, pour elle-même, les membres de sa famille et des invités, des centaines de repas représentant « plus de 350 000 shekels » (96 000 $), selon le ministère de la Justice.

La justice lui reproche d'avoir menti en invoquant faussement l'absence de cuisinier à la résidence du premier ministre pour faire livrer, jusqu'à des dizaines de fois un même mois, des repas de différents établissements de Jérusalem, italiens, asiatiques ou proche-orientaux.

Ezra Saidoff, ancien directeur général adjoint au bureau du premier ministre, est lui aussi mis en examen.

« En falsifiant la réalité, les mis en cause sont parvenus à duper les agents compétents qui leur faisaient confiance, si bien que le cuisinier préparait les repas tandis que le (bureau du premier ministre) finançait les repas préparés », dit le communiqué du ministère.

Le procès se tiendra à Jérusalem. L'accusation a demandé que la cour soit composée de trois juges et non d'un seul en raison du « caractère sensible » du sujet pour le public.

Cette mise en examen est « absurde et délirante », ont réagi les avocats de Sara Nétanyahou dans un communiqué, « pour la première fois en Israël et dans le monde, l'épouse du dirigeant en place est poursuivie pour des plateaux-repas ».

« Chasse aux sorcières »

Mme Nétanyahou non seulement ne connaissait pas les procédures, mais ce n'est pas elle qui a passé ces commandes et, dans la plupart des cas, ce n'est pas la famille qui a consommé les repas, mais des invités officiels et même des employés de la résidence, ont-ils dit.

Les détracteurs des Nétanyahou font depuis des mois des gorges chaudes des affaires de la résidence, où il a été question non seulement de plats de traiteurs, mais aussi de meubles de jardins et de détournement du revenu de bouteilles consignées.

Les médias ont déjà suivi avec avidité la bataille devant les tribunaux entre Mme Nétanyahou et un ancien homme de confiance de la résidence, Meni Naftali, accusant l'épouse du premier ministre de comportement tyrannique.

M. Naftali est désigné par les Nétanyahou comme le responsable de tous leurs maux.

Au-delà de l'image, l'affaire des repas paraît moins lourde de risques pour M. Nétanyahou que les dossiers de corruption présumée qui, depuis des mois, le visent directement et suscitent les interrogations sur sa faculté à se tirer à nouveau d'affaire grâce à son instinct de survie politique.

La police a recommandé en février son inculpation dans deux enquêtes touchant l'une à des cadeaux qu'il aurait indûment reçus de riches personnalités, l'autre à un accord secret qu'il aurait tenté de conclure avec un quotidien populaire pour une couverture favorable.

Il clame son innocence et se présente comme la victime d'une «chasse aux sorcières» tout en affirmant sa ferme intention de rester au pouvoir.

Sans rival apparent, à la tête du gouvernement considéré comme le plus à droite de l'histoire d'Israël, M. Nétanyahou totalise plus de 12 ans au pouvoir -en deux fois- et pourrait battre le record de longévité de l'historique David Ben Gourion.