Un chef militaire iranien a mis en garde mardi contre la tentation de «transiger avec l'Amérique» après la publication d'informations de presse sur l'existence d'une lettre de «militants politiques» appelant la République islamique à reconsidérer sa position vis-à-vis de Washington.

«Tout le monde sait aujourd'hui que transiger avec les États-Unis signifie la mort de la Révolution islamique», a déclaré le général Mohammad Ali Jafari, commandant des Gardiens de la Révolution (l'armée d'élite iranienne), cité par l'agence Isna: «Si nous ne disons pas que "l'action des auteurs de la lettre" est une trahison, nous devons dire qu'elle ouvre la voie à des concessions aux ennemis».

Dimanche, le quotidien réformateur Etemad a publié un article sur une lettre adressée «aux hautes autorités» de la République islamique par une centaine de «militants politiques» iraniens, dont beaucoup vivent à l'étranger, appelant l'Iran à faire un «geste» témoignant de sa disposition à engager des discussions directes avec Washington.

Aucune copie de la lettre n'a été publiée.

L'Iran et les États-Unis ont rompu leurs relations diplomatiques en 1980 pendant la crise provoquée par l'occupation de l'ambassade des États-Unis à Téhéran à partir de novembre 1979, dans la foulée de la Révolution islamique qui avait triomphé neuf mois plus tôt du pouvoir impérial du Chah, soutenu par Washington.

L'antagonisme entre les deux pays a été ravivé depuis que le président américain Donald Trump a sorti le 8 mai les États-Unis de l'accord international de 2015 sur le nucléaire iranien, qui avait permis de réintégrer la République islamique dans la communauté des nations.

Interrogé par Etemad, Gholamhossein Karbaschi, secrétaire général d'un parti réformateur et signataire de la lettre, a déclaré que celle-ci n'était «qu'une analyse» de la situation créée par le retrait américain de l'accord nucléaire et la récente rencontre entre M. Trump et le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un.

Selon lui, la lettre ne dit pas que l'Iran devrait reprendre des négociations directes avec les États-Unis, mais appelle les autorités à dire: «l'Iran est prêt à négocier» si «les États-Unis et Trump assurent qu'ils ne renieront plus jamais leurs engagements».

Selon Etemad, la lettre a notamment été signée par Abdolali Bazargan, fils de Mehdi Bazargan, premier premier ministre après la victoire de la Révolution islamique, et Hossein Karoubi, fils de Mehdi Karoubi, l'un des dirigeants du Mouvement vert, qui avait contesté en 2009 la réélection du président Mahmoud Ahmadinejad.