L'armée israélienne a annoncé mardi dans un communiqué avoir frappé plus de 35 cibles sur sept sites à Gaza en réaction aux tirs d'obus de mortier et de roquettes en provenance de l'enclave palestinienne.

«Nous venons de mener un raid important frappant plus de 30 cibles militaires différentes qui appartiennent à des organisations terroristes», a précisé le porte-parole de l'armée Jonathan Conricus, ajoutant que les frappes ont détruit un tunnel et différentes infrastructures militaires «appartenant au Hamas et au Djihad islamique».

Selon lui, cette attaque palestinienne et la riposte israélienne sont les plus importantes depuis la fin de la guerre en 2014.

Dans la matinée, 28 obus de mortier selon l'armée israélienne ont été tirés vers Israël de la bande de Gaza, territoire coincé entre Israël, Égypte et Méditerranée.

Ces tirs n'ont été revendiqués par aucun groupe armé dans l'enclave dirigée par le mouvement islamiste Hamas.

«Répondre avec force»

La plupart des projectiles palestiniens ont été interceptés par le dispositif de défense anti-aérienne israélien appelé «Dôme de fer», a dit l'armée. Ils n'ont pas fait de victimes, mais le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou a promis une riposte vigoureuse.

«L'armée israélienne va répondre avec force à ces attaques», a-t-il promis lors d'une conférence dans le nord d'Israël, peu avant les frappes.

Des sources palestiniennes ont précisé qu'au moins une position du Hamas et quatre appartenant à un groupe allié, le Djihad islamique, ont été visées, apparemment sans faire de victime.

Les journalistes de l'AFP ont vu plusieurs tirs frapper l'enclave, dont au moins un dans la ville de Gaza même.

Dans un communiqué, le Hamas a expliqué que «ce que la résistance a mené ce matin fait partie du droit naturel à défendre notre peuple».

«L'occupation israélienne est entièrement responsable d'une possible escalade», a-t-il ajouté.

La bande de Gaza est de nouveau en proie à une montée des tensions depuis le 30 mars et le début d'une mobilisation appelée la «grande marche du retour», qui a donné lieu à des affrontements meurtriers le long de la frontière entre Gaza et Israël.

Au moins 121 Palestiniens ont été tués par des tirs israéliens depuis cette date. La majorité ont péri dans des violences le long de la barrière de sécurité israélienne.

Israël dit défendre ses frontières et accuse le Hamas de s'être servi de cette mobilisation pour notamment couvrir des tentatives d'attaques.

Action «pacifique»

Israël, le Hamas et ses alliés se sont livré trois guerres depuis 2008. Ils observent un cessez-le-feu tendu depuis 2014.

Le comité à l'origine de la «marche du retour» a organisé mardi matin le départ de plusieurs bateaux du port de Gaza.

Environ 20 personnes, des étudiants et des blessés en attente de soins, ont quitté le port de pêche de la ville, sur une frêle barque de pêcheurs, pavoisée de drapeaux palestiniens, suivie d'embarcations plus petites.

Selon l'un des membres du comité à l'origine de cette initiative, l'embarcation «ne dépassera pas la zone maritime autorisée», mais d'autres militants laissaient entendre que la flottille tenterait de franchir les neuf milles nautiques, au-delà desquels plusieurs pêcheurs palestiniens ont été tués par la marine israélienne dans le passé.

Des centaines de Palestiniens se pressaient sur la jetée et les quais pour assister au départ des bateaux, alors que des haut-parleurs diffusaient des chants patriotiques.

Peu avant le départ, Ehab Abou Armana, l'un des passagers, a interpelé avec vigueur la foule, depuis une petite estrade : «Vous ne pouvez pas réaliser vos rêves en vous contentant d'espérer. C'est le message de tous ceux qui ont faim, qui ont été blessés. Nous sommes une nation, nous méritons mieux ! Il vaut mieux mourir la tête haute qu'à genoux devant l'occupant».

«C'est une action pacifique, absolument pas dirigée contre Israël», a expliqué à l'AFP Isam Hammad, l'un des membres du comité organisateur.

L'enclave est soumise à un strict blocus israélien terrestre, aérien et maritime depuis plus de dix ans, qu'Israël justifie par la nécessité de contenir le Hamas.