L'Iran et la Russie ont catégoriquement rejeté mercredi tout nouvel accord sur le nucléaire iranien, fustigeant le projet des présidents américain Donald Trump et français Emmanuel Macron de travailler ensemble sur un nouveau texte.

«L'Iran ne devra jamais posséder l'arme nucléaire», a de nouveau martelé le président français Emmanuel Macron devant le Congrès américain, alors que Téhéran a toujours nié vouloir fabriquer une telle arme.

Outre l'opposition de Téhéran et Moscou, Berlin, Londres et l'Union européenne se sont montrées réservées, redisant leur attachement à l'accord de 2015 qui prévoit une levée progressive des sanctions contre l'Iran en échange de la garantie que ce pays ne se dotera pas de l'arme atomique.

Fruit d'âpres négociations entre Téhéran et le groupe 5+1 (Allemagne, Chine, États-Unis, France, Royaume-Uni et Russie), l'accord de Vienne est qualifié de «ridicule» par Donald Trump qui menace de dénoncer dès le 12 mai ce texte signé par son prédécesseur Barack Obama.

Le président américain et son homologue français sont toutefois restés évasifs sur les contours et la portée des nouvelles négociations qu'ils appellent de leurs voeux.

«Ensemble, avec un chef d'un pays européen, ils disent: «Nous voulons décider pour un accord conclu à sept». Pour quoi faire? De quel droit?», a rétorqué le président iranien Hassan Rohani.

«Avec cet accord, nous avons fait tomber les accusations et prouvé que les États-Unis et Israël mentent à propos de l'Iran depuis des décennies», a-t-il asséné.

M. Rohani s'en est pris à M. Trump: «Vous n'avez aucune expertise en politique ni en matière de droit ou d'accords internationaux. Un commercial, un homme d'affaires, un bâtisseur de tours, comment pourrait-il émettre un jugement sur les affaires internationales?»

«Sans alternative» 

L'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), qui mène des inspections sur le terrain, a confirmé à plusieurs reprises que Téhéran remplissait «ses engagements» et qu'aucun manquement ne pouvait lui-être reproché sur la mise en oeuvre de l'accord.

La Russie s'est également montrée inflexible sur une renégociation du texte. Cet accord est «sans alternative», a dit le Kremlin.

Un vent de scepticisme est en outre venu de Bruxelles et de Berlin.

L'accord actuel «doit être préservé», a réagi la cheffe de la diplomatie européenne, Federica Mogherini.

«Un nouvel accord nucléaire n'est pas sur la table», a affirmé le ministère des Affaires étrangères allemand.

Soulignant que Berlin partageait «l'inquiétude» sur des sujets comme le programme balistique de l'Iran, il a estimé que M. Macron avait «parlé pour répondre à ces questions d'un besoin d'accords supplémentaires».

«L'accord fonctionne» 

Pour Londres, l'accord actuel «fonctionne et l'Iran a réduit de 95% son stock d'uranium enrichi».

Le porte-parole de la Première ministre Theresa May a indiqué que la Grande-Bretagne «travaillait avec ses alliés» pour répondre à «certains défis que pose l'Iran au Moyen-Orient, y compris sur les sujets pour lesquels le président Macron a proposé un nouvel accord».

En visite à Téhéran, le réalisateur américain Oliver Stone s'est dit «particulièrement choqué» de voir M. Macron, au côté du président Trump, appeler à une révision de l'accord sur le nucléaire iranien.

Aux États-Unis, M. Macron a souligné qu'il ne fallait pas déchirer «un accord pour aller vers nulle part», mais construire «un nouvel accord qui est plus large».

Il a souligné sa volonté d'aborder avec M. Trump «tous les sujets de la région», dont la Syrie et les activités balistiques de Téhéran.

Venu à l'origine pour convaincre son homologue américain, M. Macron semble avoir infléchi sa position. Il avait souligné dimanche sur la chaîne Fox News que, hors de cet accord, «il n'y a pas de plan B».