Le secrétaire américain de la Défense Jim Mattis a demandé jeudi au jeune prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane de «relancer des efforts urgents pour parvenir à un règlement pacifique de la guerre civile au Yémen».

Les deux hommes ont aussi discuté de l'Afghanistan, où les États-Unis souhaitent que Riyad facilite les efforts de réconciliation avec les talibans, a indiqué une porte-parole du Pentagone, Dana White.

Au Yémen, l'Arabie saoudite «fait partie de la solution», a ajouté M. Mattis en recevant jeudi au Pentagone le nouvel homme fort du premier exportateur mondial de pétrole, qui a rencontré mardi le président Donald Trump à la Maison-Blanche.

«La nomination d'un nouvel envoyé spécial de l'ONU au Yémen est l'occasion de parvenir plus rapidement à une solution politique pour régler ce conflit», a indiqué M. Mattis, en référence à la nomination à la mi-février du Britannique Martin Griffiths comme émissaire spécial des Nations unies pour le Yémen, troisième médiateur chargé de ce conflit en sept ans.

Riyad «soutient le gouvernement reconnu par les Nations Unies et nous allons finir cette guerre, un point c'est tout. Nous allons la finir dans des termes favorables au peuple yéménite, mais aussi à la sécurité de tous les pays de la péninsule» arabique, a ajouté le chef du Pentagone.

Pour sa part, «MBS» a souligné la solidité des relations entre les deux pays.

«Aujourd'hui, nous coopérons sur de nombreux sujets pour combattre les menaces contre nos pays, notamment avec le Pentagone», a indiqué le jeune prince héritier, dont les propos en arabe étaient traduits simultanément en anglais.

«Sous votre autorité, la coopération s'est considérablement améliorée entre les deux ministres de la défense et continuerons à l'avenir», a-t-il ajouté.

Des «abris» pour les talibans

La sanglante guerre civile au Yémen entre les forces gouvernementales, appuyées par l'Arabie saoudite, et les Houthis, soutenus par l'Iran, a fait près de 10 000 morts et mis le pays au bord de la famine.

À la tête d'une coalition militaire arabe, Ryad mène depuis mars 2015 des bombardements réguliers au Yémen contre les rebelles Houthis, qui sont entrés dans la capitale Sanaa en septembre 2014.

L'Arabie saoudite a notamment bloqué pendant des mois le port d'Aden pour empêcher l'envoi d'armes aux rebelles, empêchant de facto la distribution d'aide internationale à la population.

Aujourd'hui, plusieurs ports ont été rouverts et Riyad a envoyé de l'aide humanitaire, mais «l'un des problèmes est la distribution une fois que l'aide est parvenue au Yémen», a indiqué Dana White.

Depuis 2015, le Pentagone fournit un «soutien non-combattant» à la coalition, sous la forme d'armes, de renseignement et de ravitaillement aérien.

Au moment même où le prince héritier saoudien entamait sa visite aux États-Unis, le Sénat américain débattait de cette assistance, critiquée par l'opposition démocrate. Les sénateurs ont rejeté, par 55 voix contre 44, une résolution qui visait à arrêter cette assistance, qui n'a pas été approuvée par le Congrès.

Sur l'Afghanistan, où les États-Unis souhaitent que Ryad participe aux efforts de réconciliation avec certains talibans qui, selon Washington, sont intéressés par les pourparlers de paix que leur a proposés le président afghan Ashraf Ghani le mois dernier.

L'Arabie saoudite pourrait ainsi assurer la sécurité des familles des talibans tentés par des pourparlers de paix avec le gouvernement de Kaboul mais effrayés que leurs proches en paient le prix, a indiqué Mme White.

«Ce dont ils ont parlé, c'est de refuges pour ceux qui voudraient négocier une solution politique», a-t-elle précisé. «Le prince héritier a paru soutenir» cette idée.