Des dizaines de milliers de manifestants ont défilé vendredi dans la bande de Gaza pour protester contre la reconnaissance américaine de Jérusalem comme capitale d'Israël, ont indiqué des correspondants de l'AFP, où quatre Palestiniens ont été tués par balles.

Ibrahim Abou Thouraya, âgé de 29 ans et amputé des deux jambes, et Yasser Sokar, 32 ans, ont été tués par les balles de soldats israéliens dans la bande de Gaza alors qu'ils participaient avec des centaines de Gazaouis à des manifestations violentes près de la barrière de béton et de métal qui ferme hermétiquement les frontières de l'enclave palestinienne avec Israël.

Mohammed Aqal, 29 ans, a poignardé un policier israélien à la sortie de Ramallah, en Cisjordanie occupée, et a été abattu, a indiqué la police israélienne. Le policier a été légèrement blessé.

Selon des photos de l'AFP, Mohammed Aqal portait autour de la taille un dispositif ressemblant à une ceinture d'explosifs. La police israélienne a dit enquêter pour savoir si le Palestinien portait effectivement un tel dispositif et si ce dernier était authentique ou pas. 

Bassel Ibrahim, 24 ans, a été tué par balles lors de heurts à Anata, une localité entre Jérusalem et la Cisjordanie occupée.

Des dizaines de Palestiniens ont également été blessés par balles lors de heurts avec des soldats israéliens près de la barrière de sécurité à la frontière entre l'enclave palestinienne et le territoire israélien, selon les autorités du mouvement islamiste Hamas qui contrôle Gaza.

Après la prière hebdomadaire musulmane, des dizaines de milliers de personnes sont descendues dans la rue dans plusieurs secteurs de la bande de Gaza pour manifester contre la décision du président américain Donald Trump.

Les protestataires arboraient notamment des pancartes sur lesquelles était écrit: «Toute la ville de Jérusalem est à nous».

Des chefs de mouvements palestiniens ont participé à la manifestation.

Des milliers de Palestiniens ont également défilé en Cisjordanie occupée.

La veille, le chef du Hamas Ismaïl Haniyeh avait appelé à des manifestations tous les vendredis dans les pays musulmans et les Territoires palestiniens pour protester contre la décision des États-Unis.

«Une «bombe au Proche-Orient»

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a accusé vendredi les États-Unis d'avoir «jeté une bombe du Proche-Orient» en déclarant Jérusalem comme capitale d'Israël.

«La décision prise par l'Amérique concernant Jérusalem est une nouvelle bombe jetée au Proche-Orient», a déclaré M. Erdogan lors de la cérémonie d'inauguration de la première ligne de métro automatique à Istanbul.

Le chef de l'État turc est l'un des plus véhéments critiques de la décision annoncée le 6 décembre par le président américain Donald Trump de reconnaître la Ville sainte comme la capitale d'Israël.

Lors d'un sommet mercredi à Istanbul, les 57 membres de l'Organisation de la coopération islamique (OCI) ont appelé la communauté internationale à reconnaître Jérusalem-Est comme capitale de l'«État palestinien».

«Les musulmans ne peuvent pas accepter (...) qu'on s'efforce de faire de Jérusalem la capitale d'un État terroriste», a déclaré M. Erdogan, dans une allusion à Israël.

La Turquie et Israël ont normalisé leurs relations l'année dernière, après la crise diplomatique déclenchée par un raid israélien contre un navire d'une ONG turque se dirigeant vers la bande de Gaza en 2010. Les deux pays ont intensifié leur coopération, notamment dans le domaine de l'énergie.

Mais depuis l'annonce américaine, le président turc a vivement critiqué l'État hébreu, qu'il a plusieurs fois qualifié de «terroriste».

Dans une précédente allocution vendredi, le président turc avait indiqué que son pays allait demander aux Nations unies d'annuler la décision américaine.

«Nous allons d'abord saisir le Conseil de sécurité. S'il y a un veto (des États-Unis, qui sont membres de ce conseil), nous oeuvrerons au sein de l'Assemblée générale de l'ONU pour faire annuler cette décision injuste et illégale», a dit M. Erdogan.