Human Rights Watch (HRW) a dénoncé jeudi une nouvelle loi saoudienne de lutte contre le terrorisme, affirmant qu'elle pourrait permettre aux autorités du royaume ultraconservateur de réduire les opposants pacifiques au silence.

La loi, entrée en vigueur en novembre, prévoit des peines de prison allant jusqu'à 10 ans pour insulte au roi ou au prince héritier, et la peine de mort pour des actes de «terrorisme», selon le quotidien Saudi Gazette et d'autres médias locaux.

«Les autorités saoudiennes font taire et verrouillent déjà méthodiquement les critiques pacifiques sur des accusations infondées», affirme dans un communiqué Sarah Leah Whitson, directrice pour le Moyen-Orient à HRW.

Selon elle, «au lieu d'amender une législation favorisant les abus», les autorités saoudiennes enfoncent le clou avec une «proposition insensée où critiquer le prince héritier est un acte de terrorisme».

Cette nouvelle loi antiterroriste, qui remplace une autre largement critiquée introduite en 2014, coïncide avec une purge sans précédent du gouvernement saoudien contre des dizaines de hautes personnalités du royaume dans le cadre d'une lutte anticorruption.

Le texte comprend des «définitions très larges» des actes de terrorisme, qui ne sont pas limités à des actes violents, selon HRW.

«Perturber l'ordre public» ou «ébranler la sécurité de la communauté» sont des actes considérés comme «terroristes» et qui ont déjà été utilisés par l'Arabie saoudite pour punir des opposants pacifiques et des militants, d'après l'ONG.

Les autorités du royaume, régulièrement critiquées par les défenseurs des droits de l'Homme, n'ont pas immédiatement réagi au communiqué de l'ONG.

En mai, l'ONU avait appelé Ryad à réviser urgemment la définition du terrorisme telle qu'elle figure dans la loi utilisée «contre des individus exerçant pacifiquement leurs droits à la liberté d'expression».