L'ambassadeur suédois à l'ONU Olof Skoog, membre non permanent du Conseil de sécurité, et les Nations unies ont dénoncé mercredi l'absence de progrès pour une réouverture des accès humanitaires au Yémen, malgré les récentes injonctions internationales faites à l'Arabie saoudite.

Il y a une semaine, la Suède avait été à l'origine de la convocation d'une réunion du Conseil de sécurité pour réclamer une levée immédiate du blocus imposé par la coalition arabe dirigée par l'Arabie saoudite et en guerre au Yémen contre les rebelles houthis soutenus par l'Iran.

«Le problème, c'est que jusqu'à hier, soit une semaine après la réunion, il reste d'énormes problèmes et il n'y a eu aucun progrès sur l'ouverture des accès humanitaires», a lancé le diplomate suédois avant une séance du Conseil de sécurité.

Devant la presse, M. Skoog a notamment cité «le port de Hodeida et l'aéroport de Sanaa», cruciaux pour l'acheminement de l'aide humanitaire et précisé réfléchir à une nouvelle initiative onusienne pour débloquer la situation.

Mardi, l'Autorité de l'aviation civile dans la capitale yéménite, contrôlée par les rebelles houthis, a affirmé qu'une frappe aérienne, attribuée aux Saoudiens, avait détruit le système de navigation à l'aéroport de Sanaa, ce qui pourrait entraver de futurs vols humanitaires.

«Les navires et avions transportant de l'aide humanitaire n'ont pas pu arriver au Yémen depuis le début du blocus», a aussi dénoncé Farhan Haq, porte-parole adjoint de l'ONU, lors d'un point de presse.

Épuisement des stocks 

«Au Yémen, le nombre de cas présumés de choléra a atteint 925 000, avec plus de 2200 morts, a-t-il précisé. «Les humanitaires continuent de lutter contre l'épidémie mais, en raison du blocus, craignent de ne plus disposer de carburant d'ici moins de trois semaines pour faire fonctionner les générateurs alimentant les hôpitaux et les pompes purifiant l'eau».

«Les stocks de vaccins contre la diphtérie pourraient être épuisés dans deux semaines», a-t-il ajouté.

La coalition arabe impose un blocus sur les ports, aéroports et grands axes routiers au Yémen depuis le 6 novembre, à la suite d'un tir de missile le 4 novembre venant du nord du Yémen et intercepté près de Riyad.

L'Arabie saoudite a démenti tenir un blocus, tout en conditionnant son allègement à un renforcement par l'ONU du contrôle des cargaisons arrivant au Yémen pour éviter des trafics d'armes à destination des rebelles houthis.

Mardi, l'ONU a appelé l'Arabie saoudite à lever le blocus sans attendre ce renforcement.

Il y a une semaine, l'ONU avait indiqué craindre au Yémen «la plus grande famine» de ces dernières décennies - avec des «millions de victimes» - si le blocus n'était pas rapidement levé.

Le Yémen est déchiré par une guerre opposant les rebelles chiites houthis et leurs alliés - les forces restées fidèles à l'ex-président Ali Abdallah Saleh - aux troupes loyales au président Abd Rabbo Mansour Hadi.

Le conflit s'est aggravé avec l'intervention militaire depuis mars 2015 d'une coalition arabe menée par l'Arabie saoudite pour aider le pouvoir à chasser les Houthis qui ont pris le contrôle de Sanaa et d'autres parties du pays fin 2014/début 2015.