Le Royaume-Uni a accusé vendredi la Russie de vouloir, avec un projet de résolution, «tuer» le groupe d'experts de l'ONU et de l'OIAC chargés d'enquêter sur l'utilisation des armes chimiques en Syrie et dont le mandat expire le 16 novembre.

Depuis jeudi, deux projets de résolution, l'un russe, l'autre américain, sont en concurrence à l'ONU sur le renouvellement de la mission des enquêteurs.

«Le projet de résolution russe est un stratagème cynique pour discréditer un groupe professionnel, indépendant et impartial», a déclaré dans un communiqué l'ambassadeur britannique à l'ONU, Matthew Rycroft. «La Russie essaie de tuer le messager pour couvrir les crimes de son allié odieux», a-t-il ajouté.

«Nous appelons l'ensemble du Conseil (de sécurité) à renouveler le mandat d'enquête actuel» du groupe d'experts de l'ONU et de l'OIAC (Organisation pour l'interdiction des armes chimiques), «qui a déjà donné des résultats rigoureux et concluants», a fait valoir Matthew Rycroft.

Lors d'un entretien téléphonique vendredi avec son homologue russe, Vladimir Poutine, le président français Emmanuel Macron a lui aussi plaidé sur «la nécessité de renouveler dans les prochaines semaines le mandat du mécanisme d'enquête conjoint aux Nations Unies et à l'OIAC» sur l'utilisation d'armes chimiques dans le conflit syrien.

«La France ne cédera pas sur la lutte contre l'impunité et le démantèlement plein et complet du programme chimique syrien», a fait valoir Emmanuel Macron, cité dans un communiqué de la présidence française.

Les deux projets de résolution en concurrence à l'ONU pour renouveler le mandat des enquêteurs divergent fondamentalement.

Le texte russe prévoit une prolongation de six mois alors que l'américain parle de deux ans. Le projet russe réclame un gel du dernier rapport des enquêteurs, qui accuse le régime syrien soutenu par Moscou d'être à l'origine du massacre au sarin commise le 4 avril à Khan Cheikhoun (plus de 80 morts). Dans leur projet, les États-Unis soulignent au contraire une «profonde inquiétude» au vu de ce rapport et réaffirment le «soutien» du Conseil de sécurité à ce groupe d'experts créé en 2015.