Le le Secrétaire à la Défense James Mattis a défendu devant le Congrès la nouvelle stratégie d'intervention illimitée en Afghanistan, où les États-Unis sont engagés depuis plus de 16 ans, prévenant que partir serait «à nos risques et périls».

«Notre objectif est un Afghanistan stabilisé, grâce à un processus de paix mené par les Afghans», a déclaré M. Mattis, qui s'exprimait devant la Commission des forces armées du Sénat.

Alors que le sénateur républicain John McCain estimait que les États-Unis «sont en train de perdre cette guerre», qui a fait 2000 morts et 20 000 blessés parmi les troupes américaines, M. Mattis a réaffirmé la nécessité de demeurer en Afghanistan pour y priver les insurgés de toute base ou refuge.

«Sur la base des analyses des services de renseignement et mes propres conclusions, je suis convaincu que si nous quittions ce pays, ce serait à nos risques et périls», a-t-il indiqué.

Saper le moral des talibans 

Les États-Unis ne veulent plus fixer de limite de temps à leur opération en Afghanistan car ils ne veulent pas donner aux Taliban d'arguments pour motiver leurs troupes, a expliqué pour sa part le chef d'état-major interarmées, le général Joe Dunford.

Pendant des années, Washington a annoncé les dates de ses désengagements, et les talibans s'en sont servis, a-t-il expliqué. «C'est comme ça qu'ils motivaient leurs troupes chaque année: encore une année de combat et (...) la coalition quittera l'Afghanistan».

C'est un argument que les talibans n'ont plus et selon nos informations, le flou entretenu par Washington sur la durée de sa mission «a déjà eu un effet significatif» sur le moral des Talibans, a assuré le général Dunford. «Est-ce que ça suffira pour les amener à la table des négociations? Je ne sais pas».

Les deux militaires n'ont pas convaincu tous les élus présents. La sénatrice démocrate Elizabeth Warren a vertement critiqué cet engagement sans limite.

«Je comprends qu'il soit nécessaire d'empêcher l'Afghanistan de redevenir un refuge pour les groupes terroristes», a-t-elle dit. «Mais à ma connaissance, cette nouvelle stratégie c'est toujours la même chose, sauf que nous avons supprimé toutes les limites de temps parce que nous avons très peu d'espoir de succès, quels que soient les délais impartis». 

Les ambiguïtés du Pakistan

Les forces afghanes, qui subissent des pertes considérables - plus de 7000 morts et 12 000 blessés en 2016 - reculent face aux insurgés et leur ont abandonné plus d'un tiers du territoire.

L'idée est principalement de former et d'encadrer ces forces, tandis que les États-Unis mènent, parallèlement, des opérations antiterroristes notamment en conduisant des raids aériens.

Interrogé sur les sanctuaires «terroristes» que les États-Unis accusent le Pakistan d'abriter sur son territoire, le général Dunford a jugé «clair que les services de renseignement pakistanais ont des connexions avec des groupes terroristes».

Interrogé sur l'attitude à adopter avec Islamabad, M. Mattis a assuré que les États-Unis seraient «clairs et fermes». Il n'a pas donné beaucoup de détails sur les pressions envisagées mais il a laissé entendre que des sanctions financières puissent être prises contre le Pakistan, en évoquant «des efforts en cours au département d'État et au département du Trésor».

Au cours d'une deuxième audition, devant une commission de la Chambre des représentants, il a laissé entendre que le Pakistan pourrait perdre son statut d'allié des États-Unis hors OTAN. À un parlementaire qui lui demandait si c'était envisageable, il a répondu: «Je suis sûr que oui».