Le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou est sorti mardi de trois jours de réserve sur les évènements de Charlottesville (États-Unis) pour dénoncer «les expressions d'antisémitisme, de néonazisme et de racisme».

Le temps mis par M. Nétanyahou, habituellement prompt à dénoncer les manifestations de haine antisémites comme celles vues et entendues à Charlottesville, a fait froncer le sourcil à certains commentateurs, s'interrogeant quant à un alignement du premier ministre sur le président américain Donald Trump.

«Scandalisé par les expressions d'antisémitisme, de néo-nazisme et de racisme. Chacun doit faire barrage à cette haine», a tweeté M. Nétanyahou mardi, presque 24 heures après que le président américain, critiqué pour sa réaction initiale aux évènements de Charlottesville, eut finalement dénoncé ces «violences racistes» et montré du doigt les suprémacistes blancs.

Interrogé par l'AFP sur les raisons pour lesquelles M. Nétanyahou avait attendu trois jours, un officiel israélien a invoqué ce qu'écrivait lundi sur sa page Facebook l'ambassadeur d'Israël aux États-Unis, Ron Dermer, un proche du premier ministre.

Le premier ministre lui avait demandé de faire part «l'indignation d'Israël», écrivait M. Dermer. «Ces gens devraient ramper sous la pierre d'où ils sont sortis, tels sont les mots exacts employés par le premier ministre», a dit M. Dermer.

Intitulé «Unite the Right Rally», le rassemblement de Charlottesville réunissait des groupes de la droite radicale et identitaire, dont le Ku Klux Klan et des néonazis arborant des croix gammées et proférant des slogans antisémites. Une femme de 32 ans a été tuée quand un sympathisant néo-nazi présumé a projeté sa voiture dans une contre-manifestation antiraciste.

«Devinez quel dirigeant mondialement connu a mis encore plus de temps que Trump pour condamner le néo-nazisme, sans même préciser à quoi il faisait référence», a persiflé sur Twitter Anshel Pfefr, du quotidien Haaretz, notoirement hostile à M. Nétanyahou.

Le quotidien Times of Israel, citant des experts, relevait aussi le silence de M. Nétanyahou. Mais il ajoutait que le constat valait aussi pour d'autres responsables, de droite comme de gauche.

L'arrivée à la Maison-Blanche de M. Trump, précédé par une réputation très pro-israélienne, a été saluée par la droite israélienne comme le début d'une nouvelle ère après les difficiles relations avec Barack Obama.

L'un des rares responsables israéliens à avoir condamné spontanément les agissements de la droite radicale à Charlottesville a été l'un des rivaux de M. Nétanyahou, le ministre nationaliste religieux Naftali Bennett.

«Les dirigeants américains doivent condamner et dénoncer les manifestations d'antisémitisme des derniers jours», avait-il dit dimanche.