Des heurts ont opposé jeudi des Palestiniens à la police israélienne sur l'esplanade des Mosquées à Jérusalem alors que des milliers de musulmans pénétraient sur ce lieu saint après deux semaines de boycottage.

Les Palestiniens avaient cessé de se rendre sur l'esplanade pour protester contre la mise en place aux entrées de ce site ultra-sensible situé à Jérusalem-Est --secteur palestinien de la ville sainte occupé et annexé par Israël-- de mesures de sécurité controversées, dont les dernières ont été levées jeudi matin.

Un correspondant de l'AFP a fait état de heurts peu après l'entrée sur l'esplanade de milliers de fidèles musulmans, certains pleurant de joie, pour la prière de l'après-midi.

Le Croissant-Rouge palestinien a indiqué qu'une centaine de personnes avaient été blessées sur l'esplanade et aux alentours du ce site religieux ultra-sensible appelé Noble sanctuaire par les musulmans et Mont du Temple par les juifs.

Des affrontements ont éclaté à l'extérieur de l'esplanade avec l'arrivée d'un groupe de policiers israéliens qui se sont introduits dans la foule. Des Palestiniens ont réagi en jetant des bouteilles en plastique et les forces israéliennes ont lancé des grenades assourdissantes.

La police israélienne a indiqué de son côté que des pierres avaient été jetées sur des officiers sur l'esplanade même.

«À l'entrée des fidèles sur le Mont du Temple, certains ont jeté des pierres sur des officiers, certaines tombant sur la place du mur Occidental», a indiqué la police israélienne dans un communiqué, en référence au mur des Lamentations, lieu saint juif situé en contrebas de l'esplanade.

Volte-face

«Une force de police sur le site a repoussé les perturbateurs avec des moyens de dispersion anti-émeutes. Un officier a été blessé à la tête par une pierre», a-t-on ajouté.

Des violences avaient éclaté la semaine dernière après l'installation le 16 juillet de détecteurs de métaux aux entrées du site, deux jours après une attaque qui avait coûté la vie à deux policiers israéliens près de l'esplanade des Mosquées.

Des affrontements avaient eu lieu entre manifestants palestiniens et forces de l'ordre israéliennes à Jérusalem-Est et en Cisjordanie occupée.

Trois Palestiniens avaient notamment été tués le 21 juillet ainsi que trois colons israéliens. Le premier ministre israélien Benyamin Néthanyahou a réclamé jeudi la condamnation à mort d'un Palestinien qui avait tué ces derniers à coups de couteau.

Après d'intenses pressions de la communauté internationale qui craignait une escalade, Israël avait retiré mardi les détecteurs de métaux puis jeudi les derniers éléments du nouveau dispositif de sécurité.

«La police est revenue aux mesures de sécurité en vigueur avant l'attaque terroriste (...) du 14 juillet», a déclaré une porte-parole de la police, en référence à l'attaque contre les deux policiers israéliens.

Un responsable du Waqf, l'organisme chargé des biens musulmans à Jérusalem, a alors appelé jeudi les Palestiniens à mettre fin à leur boycottage et à aller à Al-Aqsa, une des deux mosquées qu'abrite l'esplanade, avec le Dôme du Rocher.

«Jouer avec le feu»

Le président palestinien Mahmoud Abbas a soutenu cet appel, tout en précisant qu'aucune décision n'avait encore été prise sur la reprise de la coordination sécuritaire entre l'Autorité palestinienne et Israël, dont il avait annoncé le gel la semaine dernière.

Il avait fait du retrait des nouvelles mesures de sécurité un préalable à la reprise de la coordination sécuritaire.

Israël avait justifié la mise en place de nouvelles mesures par le fait que les assaillants des deux policiers israéliens avaient dissimulé sur l'esplanade des armes et en étaient sortis pour mener leur attentat.

Mais les Palestiniens y avaient vu une tentative d'Israël d'affermir son contrôle sur ce site que les juifs considèrent comme leur lieu le plus sacré et les musulmans leur troisième lieu le plus saint.

L'État hébreu contrôle les entrées du site mais celui-ci est géré par la Jordanie. Les musulmans peuvent y aller à toute heure. Les juifs ne peuvent y pénétrer qu'à certaines heures et n'ont pas le droit d'y prier.

Les autorités israéliennes ont assuré qu'elles n'avaient pas l'intention de modifier ces règles tacites.

Mais la Ligue arabe, qui tenait une réunion d'urgence, a accusé jeudi Israël de vouloir imposer sa souveraineté sur l'esplanade et Jérusalem-Est.

«C'est jouer avec le feu, et cela ne ferait que déclencher une guerre de religion», a prévenu le secrétaire général de l'organisation panarabe, Ahmed Aboul Gheit, la Ligue «condamnant» à l'issue de sa réunion «les mesures qu'impose la force occupante pour diminuer les droits des Palestiniens et leur souveraineté sur Jérusalem-Est, qui est la capitale de l'État palestinien».