Le secrétaire d'État américain Rex Tillerson est arrivé lundi à Koweït au début d'une tournée dans le Golfe, pour tenter de sortir de «l'impasse» les efforts de médiation dans la crise opposant le Qatar à ses voisins, alliés des États-Unis.

Cette tournée, qui doit le conduire aussi au Qatar et en Arabie saoudite, intervient en l'absence de progrès apparents dans la médiation menée par le Koweït entre le Qatar et ses adversaires arabes, qui campent sur leurs positions respectives.

M. Tillerson, qui venait de Turquie, a rencontré l'émir du Koweït, cheikh Sabah al-Ahmad Al-Sabah, avant d'avoir un entretien avec son homologue koweïtien, cheikh Sabah Khaled al-Hamad Al-Sabah, selon l'agence officielle koweïtienne KUNA.

Le Conseiller de la sécurité nationale britannique, Mark Sedwill, a assisté à une partie des entretiens.

À l'issue de ces discussions, les États-Unis, la Grande-Bretagne et le Koweït ont appelé dans un communiqué commun les parties prenantes «à juguler rapidement la crise actuelle et à la résoudre au plus vite à travers le dialogue», selon KUNA.

Le secrétaire d'État américain se rendra mardi au Qatar, avant de revenir au Koweït dans la journée.

Avant M. Tillerson, les ministres des Affaires étrangères de Grande-Bretagne, d'Allemagne et d'Oman ainsi qu'un haut responsable de l'ONU sont venus dans la région offrir, sans résultat jusqu'ici, leurs bons offices dans cette crise sans précédent.

Le 5 juin, l'Arabie saoudite, les Emirats arabes unis, Bahreïn et l'Egypte ont rompu leurs relations diplomatiques avec le Qatar, accusant le riche émirat gazier de soutenir le «terrorisme» et de se rapprocher de l'Iran chiite, rival régional du royaume saoudien et conspué par Donald Trump.

«Impasse» 

Le 22 juin, ces pays ont soumis au Qatar une liste de 13 demandes, exigeant notamment de fermer la chaîne de télévision Al-Jazeera et de réduire ses relations avec Téhéran pour lever leurs sanctions économiques, dont la fermeture de la seule frontière terrestre de l'émirat.

Doha a rejeté les accusations de ses adversaires et refusé de se plier à leurs demandes qui, selon lui, sont «irréalistes» et empiètent sur sa souveraineté.

Réunis mercredi au Caire, les quatre pays ont menacé d'imposer des nouvelles sanctions au Qatar, sans préciser lesquelles.

«Nous sommes dans une impasse», a déclaré RC Hammond, porte-parole de M. Tillerson, estimant qu'une sortie de la crise pourrait prendre quelques mois.

Les États-Unis, qui disposent au Qatar d'une base militaire stratégique dans la lutte contre le groupe djihadiste État islamique (EI) et dont la Ve Flotte est basée à Bahreïn, ont d'importants intérêts économiques et politiques dans le Golfe, une région qui assure le cinquième des approvisionnements du monde en pétrole. 

«Ultime tentative»

Or l'administration du président Donald Trump a émis jusqu'ici des signaux contradictoires face à la crise du Golfe.

Si le président américain a semblé apporter son soutien tacite à l'isolement du Qatar, qu'il a accusé publiquement d'avoir «financé le terrorisme à un très haut niveau», son chef de la diplomatie a dès le départ adopté une stratégie de neutralité.

Pour l'analyste koweïtien Abdallah al-Shayeji, la tournée de M. Tillerson témoigne d'un sérieux engagement des États-Unis à régler la crise.

«C'est une ultime tentative pour sauver la situation et essayer de résoudre la crise qui a des incidences sur la stabilité régionale, la lutte antiterroriste et la campagne contre l'EI», ajoute-t-il à l'AFP.

Il admet toutefois qu'un succès ne sera possible que si les deux parties font des concessions substantielles.

Pour Neil Partrick, un spécialiste des affaires du Golfe, la mission de M. Tillerson n'aura d'impact que si les dirigeants de la région «croient que le secrétaire d'État est pleinement soutenu par le président Trump».

Le ministre britannique des Affaires étrangères Boris Johnson a, au terme d'une tournée régionale, appelé samedi à la levée du boycott imposé au Qatar et à un contrôle sur le financement du terrorisme dans tous les États du Golfe.

Malgré les multiples offres de bons offices, les protagonistes ont campé jusqu'ici sur leurs positions.

«Aucun effort ou médiation diplomatique ne peut réussir tant que Doha n'aura pas fait preuve de rationalité, de maturité et de réalisme», a prévenu le ministre d'État émirati aux Affaires étrangères, Anwar Gargash.