L'ancien premier ministre israélien Ehud Olmert, qui purge une peine de 27 mois de prison pour corruption, va bénéficier d'une libération anticipée et être relâché dimanche.

Malgré les objections du bureau du procureur, un comité de libération conditionnelle composé de six personnes a «ordonné la libération anticipée du prisonnier».

Chef du gouvernement de 2006 à 2009 et âgé de 71 ans, Ehud Olmert était emprisonné depuis février 2016. Il est le premier ex-chef de gouvernement israélien à purger une peine de prison.

Le ministère de la Justice et le bureau du procureur ont renoncé jeudi soir à faire appel de la décision. À sa libération dimanche, il aura purgé les deux tiers de sa peine de prison.

Les crimes d'Olmert méritaient un châtiment «sévère», il a été «puni pour ses actes et a payé un prix élevé», a affirmé le comité annonçant sa libération anticipée.

«Le détenu a suivi un processus de réhabilitation en prison et montre un intérêt pour sa poursuite», a-t-il ajouté. «Tout cela réduit de manière significative le risque qu'il dévie une nouvelle fois des pratiques honnêtes.»

L'avocat de M. Olmert, Shani Illouz, a déclaré que l'ancien premier ministre était «heureux» mais inquiet des nouvelles allégations sur un ouvrage qu'il serait en train d'écrire.

«Le comité (de libération conditionnelle) a accepté tous nos arguments», a affirmé Me Shani Illouz à la radio publique israélienne. «Olmert sera libéré dimanche», a précisé l'avocat.

Vague de soutien 

Fragilisé par des accusations de corruption, M. Olmert avait présenté sa démission en septembre 2008. Il continuera cependant à exercer ses fonctions jusqu'à mars 2009, lorsque le dirigeant du Likoud, Benyamin Néthanyahou, prête serment comme Premier ministre, un poste qu'il occupe depuis.

M. Olmert est le dernier chef du gouvernement israélien à s'être investi dans des négociations, intensives mais infructueuses, pour un accord de paix avec les Palestiniens.

La décision du comité de libération conditionnelle intervient quelques jours après l'hospitalisation de M. Olmert le 20 juin, pour des douleurs à la poitrine. L'ancien Premier ministre a subi des examens médicaux dont les résultats ont montré qu'il était en bonne santé, et est retourné en prison.

Une photo de lui, hagard, dans une tenue d'hôpital et mangeant avec des ustensiles en plastique, avait été partagée sur les réseaux sociaux. Elle a suscité une vague de soutien au sein de l'opinion publique mais aussi de la classe politique.

Mais en dépit d'une libération anticipée immédiate, M. Olmert pourrait faire face à de nouvelles poursuites pénales.

Il est en effet au centre d'une polémique, après une perquisition de la police ordonnée par le Parquet à la mi-juin dans les bureaux de son éditeur pour saisir les manuscrits de ses mémoires, qu'il est en train d'écrire.

Nouvelle enquête 

La police a confisqué les documents dans les bureaux de Yediot Books, maison d'édition appartenant au quotidien à grand tirage Yediot Aharonot, considéré comme critique vis-à-vis du Premier ministre Nétanyahou.

Le ministère de la Justice a indiqué que certains passages contiendraient des informations «susceptibles de porter gravement atteinte à la sécurité de l'État».

Selon le Yediot Aharonot, la police a aussi saisi, lors de sa perquisition, le manuscrit d'un livre que le journaliste Ben Caspit, considéré comme un critique virulent de M. Nétanyahou, est en train d'écrire sur le Premier ministre, ainsi que le manuscrit d'un ouvrage de l'ex-ministre de la Défense Moshé Yaalon, vu comme un adversaire politique de M. Nétanyahou.

Toujours selon le quotidien, la police a perquisitionné le domicile de l'éditeur qui travaille sur les mémoires de Ehud Olmert pour Yediot Books.

L'enquête se poursuit et le bureau du procureur doit annoncer prochainement si M. Olmert sera poursuivi dans cette affaire.

M. Olmert purgeait 18 mois de prison pour des pots-de-vin touchés dans le cadre du pharaonique projet immobilier Holyland à Jérusalem lorsqu'il était maire de la ville entre 1993 et 2003, huit mois pour fraude et corruption, et un mois pour entrave à la justice.