Le chef du réseau Haqqani, allié aux talibans afghans, a démenti toute implication dans une série d'attentats, dont un particulièrement meurtrier à Kaboul, réaffirmant la position des insurgés mise en cause par de nombreux observateurs.

Le gouvernement afghan a pointé du doigt le réseau Haqqani pour l'attentat au camion piégé dévastateur qui tué plus de 150 personnes dans le quartier diplomatique de Kaboul le 31 mai, la plus meurtrière attaque dans la capitale depuis 2001.

Les talibans ont rejeté toute responsabilité peu après l'explosion. Leur chef adjoint, Sirajuddin Haqqani, également chef de file du réseau éponyme, a réitéré ce démenti dans un message audio mis en ligne sur le site des insurgés dimanche.

«Nous avons déjà condamné» les attaques, dit-il. Le mouvement taliban «n'est pas impliqué». «L'ennemi veut discréditer les moujahidines, et créer une distance entre le peuple et les moujahidines,» a-t-il accusé.

L'attentat a déclenché les protestations d'habitants exaspérés par les violences, émaillées de heurts qui ont fait quatre morts le 2 juin. Les funérailles d'un protestataire ont ensuite été prises pour cible, faisant sept nouvelles victimes.

Le démenti des talibans a laissé nombre d'observateurs sceptiques. «En dépit des démentis catégoriques des talibans, l'attentat porte toutes les marques d'un acte perpétré par leur mouvement», écrit ainsi Borhan Osman, du Réseau des chercheurs sur l'Afghanistan (AAN).

Il souligne «l'aptitude opérationnelle du mouvement et sa capacité logistique à planifier et exécuter une telle attaque.»

M. Haqqani a également démenti toute implication dans un bombardement près de la grande mosquée d'Hérat (ouest), qui a fait 7 morts le 3 juin. «Même si de tels incidents (...) se sont déroulés par le passé, nous nous sommes excusés et avons demandé aux gens de nous pardonner,» a souligné M. Haqqani.

Depuis l'attentat au camion piégé à Kaboul, des protestataires continuent des sit-in en au moins six points de la capitale, dont un près du lieu de l'explosion, pour réclamer la démission du gouvernement.

Semblant tenter d'endiguer la mobilisation, le gouvernement afghan a renvoyé dimanche deux hauts responsables des services de sécurité, dont le chef de la police de Kaboul, pour la mort des protestataires lors des heurts avec la police le 2 juin.