Le premier ministre Benyamin Néthanyahou a donné mardi des gages aux colons israéliens en leur assurant, en pleine période anniversaire du début de l'occupation, qu'Israël continuerait à construire en territoire palestinien et qu'aucun d'entre eux ne serait «délogé de chez lui».

Au même moment, Israël décidait de faire avancer les plans pour la construction de 1500 nouveaux logements en Cisjordanie.

Dans leur majorité, ils seront construits dans les colonies existantes. Mais parmi eux figurent aussi 102 logements qui constitueront la première colonie nouvelle impulsée par un gouvernement israélien en 25 ans, a indiqué la Paix maintenant.

La construction d'un millier de logements supplémentaires devait être examinée mercredi par la même commission relevant du ministère de la Défense, a ajouté l'organisation israélienne anticolonisation.

«Néthanyahou, le premier ministre de la colonisation, prouve une fois de plus que la solution à deux États ne fait pas partie de ses plans», a dit la Paix maintenant dans un communiqué.

«La semaine du cinquantenaire de l'occupation israélienne, le gouvernement israélien choisit d'étendre les colonies pour empêcher une solution à deux États», a ajouté l'ONG en évoquant l'idée de créer un État palestinien coexistant en paix avec Israël, solution de référence de la communauté internationale à l'un des plus vieux conflits de la planète.

La colonisation, c'est-à-dire la construction d'implantations civiles en territoire occupé, rogne le territoire censé entrer un jour dans la formation d'un État palestinien. Illégale au regard du droit international, la colonisation est aussi considérée par une grande partie de la communauté internationale comme faisant obstacle à une paix qui se fait attendre depuis des décennies.

La colonisation s'est poursuivie sous tous les gouvernements israéliens depuis 1967. Plus de 600 000 colons israéliens vivent aujourd'hui une coexistence souvent conflictuelle avec les Palestiniens en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, également occupée depuis 1967 et désormais annexée par Israël.

Au moment où le président américain Donald Trump cherche à relancer l'effort de paix moribond entre Israéliens et Palestiniens, M. Néthanyahou s'est targué mardi d'être le premier chef de gouvernement depuis «des décennies» à avoir «le privilège» de construire une colonie nouvelle en Cisjordanie.

«Nous construisons partout»

La nouvelle colonie, déjà approuvée par le gouvernement, doit permettre de reloger les habitants juifs d'Amona, une colonie démolie en février sur décision de la justice israélienne. L'évacuation de cette colonie avait donné lieu à un psychodrame politique et humain.

Dans la foulée immédiate de l'investiture de M. Trump, Israël avait procédé à cinq annonces de colonisation portant sur plus de 6000 nouveaux logements en Cisjordanie et à Jérusalem-Est. M. Trump avait fini par appeler M. Néthanyahou à la retenue lors de la visite du premier ministre à la Maison-Blanche en février.

Cependant, M. Néthanyahou, dont le gouvernement fait la part belle aux partisans de la colonisation, est soumis aux pressions de sa droite. Dans un discours prononcé au Parlement à l'occasion du 50e anniversaire de la guerre de 1967 qui a marqué le début de l'occupation et de la colonisation, il n'a pas ménagé les assurances aux colons.

«Mes amis, tout le monde a le droit de vivre chez lui et personne ne sera délogé de chez lui», a dit M. Néthanyahou devant un parterre de députés et de colons.

Le porte-parole du premier ministre, David Keyes, n'avait pas répondu mardi soir aux sollicitations de l'AFP qui lui demandait si les propos de M. Néthanyahou devaient être interprétés comme excluant toute évacuation de colonies dans le cadre d'un éventuel accord de paix avec les Palestiniens.

Si tel était le cas, cela représenterait un changement considérable rendant encore plus compliqué tout effort de règlement. La solution dite à deux États ne paraît possible que si Israël évacue un certain nombre de colonies.

M. Néthanyahou a assuré que la colonisation continuerait.

«Nous construisons partout en Judée-Samarie (nom donné en Israël à la Cisjordanie) et nous nous préparons à le faire à travers la Judée-Samarie», a-t-il dit.