Au moins 5 personnes ont été tuées mercredi à Lahore (est) dans un attentat-suicide revendiqué par les talibans qui a frappé une des équipes chargées de la vaste opération de recensement de la population lancée le mois dernier au Pakistan.

L'explosion s'est produite vers 8h00 du matin (heure locale) sur une avenue périphérique de la capitale culturelle du Pakistan. Trois militaires figurent parmi les cinq victimes, ainsi qu'un civil et un responsable de l'armée de l'air, a indiqué à l'AFP un haut responsable de la municipalité.

L'attaque a été rapidement revendiquée par les talibans pakistanais (TTP), dont un porte-parole a déclaré à l'AFP: «Nous revendiquons la responsabilité de l'attentat de Lahore. Il a été commis parce que les forces pakistanaises continuent de tuer nos membres détenus en prison».

Quelque 18 personnes ont également été blessées. Parmi elles, Farhan Aslam, circulait en deux-roues avec son père au moment de la déflagration.

«Nous sommes tombés à terre sous l'impact et j'ai vu du sang partout. J'ai vu aussi deux cadavres et les autres qui pleuraient», a-t-il déclaré à l'AFP à l'hôpital où il recevait des soins.

L'attaque, dont l'armée pakistanaise a confirmé qu'elle avait été menée par un kamikaze, visait un bus transportant une équipe de militaires et de civils en charge d'opérations liées au recensement de la population.

Le Pakistan a lancé le mois dernier sa première opération de recensement en près de deux décennies, une tâche gigantesque dans laquelle sont impliqués des dizaines de milliers de recenseurs civils et militaires.

Vives tensions

Cette opération suscite de vives tensions politiques et inquiétudes dans le pays en raison des probables profondes répercussions qui en découleront, notamment sur les circonscriptions électorales, la répartition des sièges au Parlement ou encore sur la distribution des fonds fédéraux.

Considéré par l'ONU comme le sixième pays le plus peuplé du monde, le pays a désormais une population estimée à environ 200 millions d'habitants.

Plus de 300 000 personnes sont impliquées dans l'exercice, dont 84 000 recenseurs civils, pour l'essentiel des instituteurs et fonctionnaires locaux, et 44 000 recenseurs militaires qui rempliront leurs propres fiches. Il s'agit d'un enjeu majeur à un an des prochaines élections législatives.

«La sécurité ne faisait pas défaut, mais vous savez comme il est difficile de faire face aux attentats-suicides», a noté le responsable de l'administration de Lahore, Abdullah Sumbal.

Le recensement est une «obligation nationale» et «sera mené à bien à tout prix», a souligné de son côté un porte-parole de l'armée, Asif Ghafoor en réaction à l'attentat.

Le dernier attentat au Pakistan remonte à vendredi, lorsqu'au moins 22 personnes ont péri dans une attaque à la voiture piégée sur un marché d'une zone tribale majoritairement chiite du nord-ouest du Pakistan. Il a été revendiqué par les talibans pakistanais.

Les violences au Pakistan ont diminué ces dernières années dans la foulée d'une offensive de l'armée pakistanaise lancée en juin 2014 contre les bases arrières des groupes extrémistes armés qui opéraient jusque-là impunément dans les zones tribales du nord-ouest du pays.

Mais ce calme relatif a été interrompu par un mois de février meurtrier lorsque plus de 130 personnes sont mortes lors d'attentats ou d'événements violents.

Lahore a ainsi été frappée par un attentat-suicide qui avait fait une quinzaine de morts et avait été revendiqué par une faction particulièrement active du mouvement des talibans pakistanais, Jamaat-ul-Ahrar (JuA).

Dix jours plus tard, une autre explosion dans un quartier chic de Lahore avait coûté la vie à sept personnes, mais avait été attribuée par les autorités à un accident dû à une fuite de gaz.