La protection des civils doit être «une priorité absolue», a averti le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres en arrivant jeudi en Irak, où des centaines de milliers de personnes sont prises au piège par les combats à Mossoul.

La première visite de M. Guterres en Irak comme chef de l'ONU intervient alors que les besoins humanitaires ne cessent de croître dans le nord du pays.

Plus de 200 000 habitants de la deuxième ville irakienne ont fui sa partie ouest depuis le début, mi-février, de l'offensive pour en chasser les djihadistes du groupe État islamique. Elles sont en partie accueillies dans des camps installés à la hâte dans les environs.

Et, selon l'ONU, quelque 600 000 autres restent piégées dans Mossoul-Ouest, dont 400 000 dans la vieille ville, un dédale de rues densément peuplées que tentent de reprendre les forces irakiennes.

Venu de Jordanie où il a assisté au sommet annuel de la Ligue arabe, M. Guterres est arrivé à Bagdad pour «faire le point sur la difficile situation humanitaire sur le terrain», a-t-il indiqué. «La protection des civils doit être une priorité absolue», a-t-il ajouté.

Le diplomate s'est entretenu avec le chef de la diplomatie irakienne Ibrahim Jaafari avant une rencontre avec le premier ministre Haider al-Abadi, selon la mission de l'ONU. Il s'envolera ensuite à Erbil, capitale de la région automne du Kurdistan irakien dans le nord.

C'est de cette ville d'où sont organisées les missions humanitaires pour venir en aide aux civils de la région de Mossoul affectés par les combats.

Depuis octobre, les forces armées appuyées par la coalition internationale menée par Washington y ont repris une grande partie des territoires conquis en 2014 par l'EI. Mais les djihadistes continuent à résister, notamment dans l'ouest de Mossoul, où les troupes gouvernementales progressent lentement face aux attaques suicide, aux tireurs embusqués et aux pièges explosifs.

La prise totale de la grande ville du nord permettrait aux autorités de reprendre le dernier grand bastion de l'EI en Irak.

Bavure

L'un des défis de l'armée est d'éviter au maximum les pertes civiles alors que l'EI utilise des habitants comme boucliers humains pour défendre ses positions.

D'après l'ONU, plus de 300 civils ont péri dans la partie occidentale de Mossoul depuis mi-février.

Dans ce bilan encore provisoire, il n'est pas clair combien de personnes ont été tuées par l'EI, et combien l'ont été par les forces irakiennes et la coalition.

Des responsables irakiens ont affirmé samedi que les frappes contre l'EI avaient tué de nombreux civils dans le quartier de Mossoul al-Jadida à Mossoul-Ouest. Le nombre de victimes - entre des dizaines et des centaines selon les sources - n'a pu être vérifié de source indépendante.

Cette potentielle bavure a déclenché l'ouverture d'enquêtes par les autorités irakiennes et la coalition.

Le général américain Stephen Townsend, qui commande à Bagdad les forces de la coalition anti-EI, a reconnu mardi que la coalition avait «probablement joué un rôle» dans la mort de nombreux civils dans un bombardement aérien à Mossoul le 17 mars.

Le Pape, l'ONU et Amnesty International ont appelé ces derniers jours à de plus grands efforts pour protéger les habitants.

«Mes pensées vont aux populations civiles piégées dans les quartiers occidentaux de Mossoul et aux personnes déplacées en raison de la guerre», a dit le pape François. «Je réitère à tous l'appel à s'engager avec toutes les forces pour la protection des civils, obligation impérative et urgente», a-t-il ajouté.

Selon l'ONG Airwars, basée à Londres et qui recense les victimes civiles des bombardements, les allégations de victimes civiles de la coalition en Irak et Syrie se sont multipliées depuis début mars, atteignant un niveau «comparable à la pire période des frappes russes» en Syrie.