Les Palestiniens se sont de nouveau mobilisés jeudi en solidarité avec les centaines de détenus en grève de la faim dans les prisons israéliennes, plusieurs manifestations dégénérant en heurts, tandis qu'un Palestinien était abattu par un colon israélien.

La journée a débuté avec une manifestation dans le nord de la Cisjordanie, territoire palestinien occupé depuis un demi-siècle par l'armée israélienne, au cours de laquelle un colon israélien, dont la voiture a été bloquée par la foule, a abattu d'une balle dans la tête un jeune Palestinien, identifié comme Moataz Bani Chemseh, 23 ans, par le ministère de la Santé palestinien.

Des centaines de manifestants protestaient devant le point de contrôle militaire israélien de Hawara, au sud de Naplouse, quand un véhicule israélien s'est engouffré dans la foule. Encerclé et pris à parti, le conducteur, un colon israélien, a tiré sur la foule et tué un jeune Palestinien.

Un photographe de l'agence de presse américaine Associated Press a également été blessé à la main, ont indiqué des médecins.

L'armée israélienne a elle indiqué qu'un Israélien avait tiré en l'air quand sa voiture a été visée par des jets de pierres lors d'une «manifestation violente». Les soldats ont quant à eux tiré des projectiles anti-émeutes et d'après les informations dont dispose l'armée, le Palestinien tué ne l'a pas été par des tirs de soldats.

En soirée, des centaines de Palestiniens, venus des camps de réfugiés d'al-Amaari à Ramallah et de Qalandia, entre Ramallah et Jérusalem, ont convergé vers le point de contrôle militaire israélien qui mène à la Ville sainte. 

Pneux et cocktails molotov 

Derrière un barrage de pneus en feu et de bennes en métal, ils ont jeté pierres et cocktails molotov sur des soldats israéliens qui ont répliqué à coups de grenades lacrymogènes et de balles en caoutchouc.

Là aussi, les Palestiniens entendaient exprimer leur solidarité avec les centaines de détenus palestiniens qui refusent de s'alimenter depuis le 17 avril pour réclamer des conditions de détention plus dignes aux autorités pénitentiaires israéliennes.

L'état de santé de nombre d'entre eux s'est déjà dégradé mais certains ont franchi jeudi un nouveau stade, ont annoncé leurs soutiens. Ils refusent désormais de boire.

L'Autorité pénitentiaire israélienne n'a pas commenté mais a indiqué avoir transféré «plusieurs dizaines de prisonniers» vers des prisons «plus proches d'hôpitaux au cas où il faudrait les transférer très vite» vers des établissements médicaux.

La question des détenus est particulièrement sensible chez les Palestiniens qui comptent tous parmi leurs proches quelqu'un passé par les prisons israéliennes. La mort possible d'un des grévistes de la faim mènerait à l'«explosion», ont déjà prévenu des responsables.

Dans la journée, les groupes armés à Gaza ont promis de ne «pas rester les bras croisés» si quelque chose arrive aux grévistes de la faim. «L'ennemi ne comprend que le language de la force et nous sommes prêts à lui parler de la façon qu'il comprend le mieux», ont-ils ajouté lors d'une conférence de presse.

De nouveaux appels à manifester ont été lancés pour les jours à venir.

Les Territoires palestiniens occupés ainsi qu'Israël ont été le théâtre d'une vague de violences qui a causé la mort depuis le 1er octobre 2015 de 264 Palestiniens, 41 Israéliens, deux Américains, deux Jordaniens, un Erythréen, un Soudanais et une Britannique, selon un décompte de l'AFP.

La plupart des Palestiniens tués sont des auteurs ou auteurs présumés d'attaques anti-israéliennes. D'autres ont péri lors d'affrontements avec les forces israéliennes, d'autres encore dans des frappes israéliennes contre Gaza. Ces violences se sont notablement espacées depuis plusieurs mois.

Plus de 600 000 colons israéliens vivent, de façon illégale aux yeux de la communauté internationale, au milieu de 2,6 millions de Palestiniens en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, territoires censés entrer dans la formation d'un État palestinien qui se fait toujours attendre.