Les talibans afghans ont revendiqué au moins deux attentats quasi-simultanés dans Kaboul, mercredi, dont l'un à la voiture piégée, faisant au moins seize morts et plus d'une centaine de blessés selon un décompte toujours provisoire.

En début de soirée, plus de neuf heures après les attaques survenues à la mi-journée contre un poste de police et un centre des services de renseignements, les secours continuaient de ramasser les blessés «et de collecter les morceaux de corps», apparemment dispersés par la puissance des explosions.

«Malheureusement, 16 personnes ont été tuées dans les deux attaques à Kaboul et 104 ont été blessées», a indiqué à l'AFP le porte-parole du ministère afghan de la Santé, Waheed Majroh, communiquant un bilan soudain alourdi.

Le bilan définitif des tués ne pourra être communiqué que jeudi «car nous continuons de collecter les morceaux de corps», a-t-il ajouté.

Pendant une grande partie de la journée, les autorités n'avaient reconnu que trois morts dans ces deux attaques complexes, explosions-suicide suivies de l'irruption d'un ou plusieurs hommes armés.

Au moins un assaillant a réussi à se frayer un chemin au sein du poste de police dans lequel 15 personnes ont trouvé la mort et 43 autres ont été blessées : l'homme est resté retranché à l'intérieur des locaux cinq heures durant, avant d'être finalement délogé en début de soirée.

«L'attaque est terminée, tous les assaillants ont été tués», a assuré à l'AFP le chef de la police criminelle de Kaboul, Feraidoon Obaidi, qui a promis «d'autres détails ultérieurement», notamment sur le nombre d'assaillants ayant réussi à pénétrer dans les locaux après l'explosion.

Il n'a pas été en mesure de préciser si les victimes avaient été touchées par l'explosion ou par balles.

Ce premier attentat, le plus violent des deux, perpétré dans l'ouest de la capitale afghane par «un kamikaze au volant d'une voiture piégée», s'est produit en milieu de journée, à l'entrée du poste de police PD6, a indiqué à l'AFP le porte-parole du ministère de l'Intérieur Najibullah Danish, qui a mentionné des «tirs» après la première explosion.

De nombreux témoins et des journalistes de l'AFP accourus sur place ont fait également état de tirs dans l'heure qui a suivi l'explosion initiale.

«C'était l'heure du déjeuner, les gens faisaient la queue pour acheter du pain», a témoigné à l'AFP un boulanger voisin du poste de police attaqué, Ahmad Fawad. «Soudain nous avons entendu un énorme boum, c'était effrayant. Toutes les fenêtres de la boutique ont volé en éclats et deux de mes employés ont été légèrement atteints par le verre brisé. Il y avait de la fumée et de la poussière partout. On entendait des tirs, on s'est enfermé dans la boulangerie», a-t-il relaté.

Épaisse fumée noire

Une épaisse colonne de fumée noire s'est élevée longtemps au-dessus du quartier.

Selon le porte-parole du ministère, la deuxième attaque a été perpétrée cinq minutes après la première, à 12 h 35 locales (3 h 05 heure de l'Est), par un kamikaze à pied : elle visait un centre des services de renseignements afghans, le NDS, dans le sud-est de la ville, a ajouté ce porte-parole.

Selon le ministère de la Santé, cette deuxième attaque a fait un mort et un blessé.

Dans un message posté sur Twitter, le porte-parole des talibans Zabibullah Mujahid a rapidement revendiqué ces opérations.

Dans un communiqué quelques heures plus tard les insurgés islamistes ont évoqué «trois attaques martyres» dont deux contre «le centre de recrutement de la police et le poste de police PD6, dans lequel plusieurs martyrs sont entrés pour affronter l'ennemi à l'intérieur».

La troisième visait «un important centre des renseignements à Kaboul fortement endommagé».

Après une pause hivernale relative dans les combats, à l'exception du sud, en particulier le Helmand où ils cultivent les champs de pavot, les talibans n'ont pas encore officiellement lancé leur traditionnelle offensive de printemps.

Dans un communiqué le président afghan Ashraf Ghani a condamné cette double attaque conduite selon lui «pour rehausser le moral de leurs troupes» après la mort de leur commandant à Kunduz (nord). Mollah Salam a été tué dimanche par une frappe américaine.

Le dernier attentat en date à Kaboul - non revendiqué - remontait au 7 février : un kamikaze à pied s'était fait exploser contre les locaux de la Cour Suprême à l'heure de sortie des bureaux, faisant 20 morts, dont plusieurs femmes et enfants, et une quarantaine de blessés.