Le président américain Donald Trump a imposé vendredi des sanctions contre l'Iran et son programme de missiles balistiques, Téhéran prenant aussitôt des mesures de représailles en plein regain de tensions entre les deux adversaires historiques.

Donald Trump a ainsi mis à exécution ses menaces de durcir la position de Washington envers la République islamique, mais sans faire dérailler pour l'instant l'accord international sur le nucléaire iranien scellé en 2015 par son prédécesseur Barack Obama.

«L'Iran joue avec le feu. Ils ne se rendent pas compte à quel point le président Obama avait été «gentil» avec eux. Pas moi!», avait tweeté dans la matinée le nouveau président des États-Unis, juste avant l'annonce de sanctions ciblées.

Le Trésor américain a pris des mesures de rétorsion contre 25 personnes et entités soupçonnées d'avoir apporté un soutien logistique ou matériel au programme balistique de Téhéran.

Pour justifier ces sanctions, le conseiller à la sécurité nationale de la Maison-Blanche Michael Flynn - réputé être un dur contre l'Iran - a accusé «la République islamique d'être le premier État du monde à soutenir le terrorisme et d'être impliquée dans les violences qui déstabilisent le Moyen-Orient».

L'Iran est depuis 1984 l'un des trois pays - avec la Syrie et le Soudan - à figurer sur la liste noire du département d'État des «États soutenant le terrorisme».

En outre, a tonné M. Flynn, «les dirigeants iraniens continuent de menacer les États unis et (leurs) alliés», depuis que Washington et Téhéran ont rompu leurs relations diplomatiques en 1980 dans la foulée de la Révolution islamique de 1979.

Aux termes de ces sanctions, prises notamment contre un réseau de soutien basé en Chine pour «développer le programme (iranien) de missiles balistiques», les éventuels comptes et avoirs aux États-Unis des personnes et entités visées vont être gelés et elles ne pourront plus commercer avec des structures américaines.

L'Iran ne veut pas la guerre

L'Iran a aussitôt riposté par le même type de mesures.

Son ministère des Affaires étrangères a annoncé «des limitations juridiques à certains Américains et à des entreprises américaines ayant eu un rôle dans la création et le soutien de groupes extrémistes terroristes dans la région», sans plus de précisions.

Avant que l'arsenal américain ne soit dévoilé, le chef de la diplomatie iranienne Mohammad Javad Zarif avait promis vendredi sur Twitter que son pays «ne déclencherait jamais une guerre», tout en se disant «pas impressionné par les menaces».

Les mesures de Washington font suite à une rafale de déclarations belliqueuses proférées ces derniers jours par les États-Unis contre l'Iran, en réponse à un test, le 29 janvier, d'un missile balistique iranien.

Interrogé jeudi sur une action militaire américaine contre Téhéran, le président Trump avait répondu: «rien n'est exclu». Son conseiller Michael Flynn avait le premier cette semaine «mis en garde» l'Iran contre son rôle «déstabilisateur» au Moyen-Orient.

Des accusations que lançait déjà l'administration Obama pour dénoncer le soutien iranien au régime syrien, au groupe Hezbollah libanais ou aux rebelles chiites houthis au Yémen qui ont d'ailleurs attaqué ces derniers jours en mer Rouge une frégate saoudienne. L'Arabie saoudite sunnite est l'alliée des États-Unis dans le Golfe et la grande rivale de l'Iran chiite.

Obama trop conciliant

Mais pour l'administration Trump, le gouvernement Obama a été trop conciliant avec Téhéran: «L'époque où l'on fermait les yeux sur les actes hostiles et agressifs de l'Iran envers les États-Unis et la communauté internationale est révolue», a ainsi martelé M. Flynn.

Barack Obama est le grand architecte de l'accord conclu à Vienne en juillet 2015 entre Téhéran et six grandes puissances (États-Unis, Russie, Chine, France, Royaume-Uni et Allemagne).

Ce texte est censé garantir la nature pacifique du programme nucléaire iranien, en échange d'une levée des sanctions internationales contre Téhéran.

En vigueur depuis un an, l'accord de Vienne a de fait, jusqu'ici, apaisé les tensions internationales avec l'Iran et éloigné la perspective d'une autre guerre dans la région.

Donald Trump a maintes fois menacé de «déchirer» ce règlement «désastreux» mais il semble, pour l'instant, vouloir préserver cet accord multilatéral connu sous son acronyme anglais JCPOA (Joint Comprehensive Plan of Action). D'ailleurs, le Trésor a précisé que les sanctions contre le programme balistique iranien ne violaient pas les termes du JCPOA.

Certes, relève le centre de recherche Eurasia Group dans une note, «dans l'immédiat, l'accord nucléaire n'est pas en danger», mais il faut s'inquiéter d'une «spirale» de tensions entre les États-Unis et l'Iran.