Le premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a fait reporter mercredi un vote sur des permis de construire dans des quartiers de colonisation à Jérusalem-Est pour limiter les tensions avec les États-Unis, mais la mairie de Jérusalem a dans le même temps approuvé une construction destinée à des colons.

Ces signaux contradictoires interviennent quelques heures avant un discours du secrétaire d'État américain sortant John Kerry qui doit présenter sa vision d'une paix entre l'État hébreu et les Palestiniens.

La mairie a donné son feu vert pour une construction destinée à des colons dans le quartier palestinien de Silwan à Jérusalem-est, occupée et annexée par Israël, a indiqué Ir Amim, une ONG israélienne anti-colonisation.

Silwan, situé en contrebas des murailles de la Vieille ville, est le théâtre de tensions permanentes entre plusieurs centaines de colons et 55 000 Palestiniens qui y résident.

Selon Ir Amim, la demande pour le permis de construire a été présentée par des membres d'Ateret Cohanim, une organisation religieuse ultra-nationaliste qui s'est fixé comme objectif d'étendre la colonisation à Jérusalem-Est.

Ces annonces ont été faites alors que les relations sont au plus bas entre Israël et son proche allié américain. Pour la première fois depuis 1979, les États-Unis présidés par Barack Obama n'ont pas mis leur veto à une résolution de l'ONU condamnant les colonies israéliennes.

Ils se sont abstenus vendredi alors qu'ils avaient toujours soutenu Israël sur ce dossier sensible. Les 14 autres membres du Conseil ont voté en faveur du texte qui exhorte Israël à «cesser immédiatement toute activité de colonisation en territoire palestinien occupé, dont Jérusalem-Est», et affirme que les colonies «n'ont pas de valeur juridique» et sont «dangereuses pour la viabilité d'une solution à deux États».

L'attitude américaine a provoqué l'ire d'Israël, et M. Netanyahu a aussitôt rejeté une «résolution anti-israélienne honteuse», en affirmant que son pays ne s'y conformerait pas.

Mais semblant chercher à calmer le jeu, M. Netanyahu a demandé le report de discussions prévues mercredi sur l'octroi de centaines de permis de construire à Jérusalem-Est.

La municipalité de Jérusalem a ainsi annulé in extremis le vote prévu qui devait porter sur l'octroi de 492 permis de construire dans les quartiers de colonisation de Ramat Shlomo et Ramot, a indiqué à l'AFP Hanan Rubin, un conseiller municipal.

«Le président du comité de planification (et de construction) nous a dit que (la question des permis) avait été retirée de l'ordre du jour à la demande du premier ministre de façon à ce que nous évitions un conflit avec le gouvernement américain juste avant le discours de Kerry ce soir», a dit M. Rubin.

Il a ajouté que cet examen sera organisé à une date ultérieure sans donner plus de détails.

Vision de Kerry sur la paix

La colonisation israélienne, notamment à Jérusalem, est considérée par la communauté internationale comme illégale et comme le principal obstacle à la paix, notamment parce que les colonies sont construites sur des terres qui pourraient appartenir à l'État auxquels les Palestiniens aspirent, menaçant ainsi la possibilité d'un règlement sur la base d'une solution à deux États.

Les États-Unis ont justifié leur abstention par l'impact de la colonisation sur le processus de paix au point mort depuis 2014.

M. Kerry pense que «c'est de son devoir, dans ses dernières semaines et derniers jours en tant que secrétaire d'État, de présenter ce qu'il pense être le chemin vers une solution à deux États», a indiqué un porte-parole du Département d'État.

Mais dans un message sur Twitter, le président élu américain Donald Trump s'est de nouveau démarqué de l'administration Obama. «Nous ne pouvons pas continuer à laisser Israël être traité avec un total mépris et un tel manque de respect (...) Reste fort Israël, le 20 janvier est très proche!», a-t-il écrit en référence à la date de son entrée en fonctions.

M. Netanyahu l'a remercié sur son compte Twitter «pour sa chaleureuse amitié» et son «soutien sans faille envers Israël».

Les Palestiniens ont eux qualifié la résolution de l'ONU de «grand camouflet» pour Israël, estimant qu'il s'agissait «d'une condamnation internationale unanime de la colonisation».

Quelque 430 000 colons israéliens vivent actuellement en Cisjordanie occupée et ils sont plus de 200 000 à Jérusalem-Est dont les Palestiniens veulent faire la capitale de l'État auquel ils aspirent.