Une enquête internationale a révélé l'existence présumée d'une filière impliquant l'Iran et passant par la Somalie pour armer les rebelles au Yémen, indique un rapport publié mercredi.

L'Arabie saoudite et les États-Unis ont accusé l'Iran d'avoir fourni des armes aux rebelles Houthis, ce que Téhéran a toujours démenti.

Une coalition militaire arabe, menée par l'Arabie saoudite, intervient depuis mars 2015 au Yémen en soutien au président Abd Rabbo Mansour Hadi, chassé de la capitale Sanaa par les Houthis. Ces rebelles sont issus de l'importante minorité zaïdite yéménite et alliés aux partisans de l'ancien président déchu Ali Abdallah Saleh.

Le rapport du Conflict Armament Research (CAR) se fonde sur des saisies d'armes effectuées en mer en février et mars 2016 à bord d'embarcations traditionnelles appelées dhows (boutres).

Le CAR, basé en Grande-Bretagne et financé principalement par l'Union européenne, a analysé des photographies de ces saisies faites par le bateau de guerre australien HMAS Darwin et la frégate française FS Provence.

Les deux bâtiments ont effectué ces saisies dans le cadre d'une mission de surveillance de la navigation qui est indépendante de la guerre au Yémen.

HMAS Darwin a procédé à la saisie de plus de 2000 armes - dont des fusils d'assaut de type AK et 100 lance-roquettes de fabrication iranienne - à bord d'un dhow se rendant en Somalie, selon le rapport du CAR.

La saisie faite par le frégate française comprenait 2000 fusils d'assaut portant les «caractéristiques d'une manufacture iranienne» et 64 fusils de sniper Hoshdar-M de fabrication iranienne, selon le document. 

«Cargaisons destinées au Yémen» 

Neuf roquettes antichars avec système de guidage Kornet de fabrication russe ont été également saisies.

Les Émirats arabes unis, qui font partie de la coalition militaire arabe intervenant au Yémen, ont indiqué avoir récupéré dans ce pays une roquette Kornet de la même série que celles saisies en mer.

Ces saisies soutiennent les «allégations selon lesquelles les armes venaient d'Iran et que les cargaisons des dhows étaient destinées au Yémen», souligne le rapport.

Selon des sources gouvernementales françaises, le dhow intercepté par la frégate FS Provence se dirigeait vers la Somalie pour «un possible transbordement vers le Yémen».

Des fusils légers qui seraient de fabrication nord-coréenne ont été également saisis à bord des deux embarcations et avaient les mêmes numéros de série, ce qui «laisse à penser qu'ils proviennent de la même cargaison d'origine», souligne le rapport.

Ce document se réfère aussi à une saisie faite en mars par l'US Navy de fusils d'assaut de type AK, de lance-roquettes et de mitrailleuses qui, selon Washington, «provenaient d'Iran et étaient destinés au Yémen».

Deux des embarcations mentionnées ont été fabriquées en Iran par un constructeur naval appelé Al Mansour, selon le rapport.

En dépit du caractère limité de ces saisies, les analystes de CAR croient en l'existence d'une filière d'acheminement d'armes à partir de l'Iran et à destination du Yémen en passant par la Somalie.