Les dirigeants des pays occidentaux ont salué mardi la mémoire de l'ancien président israélien Shimon Peres pour son engagement pour la paix, mais le monde arabe restait silencieux après son décès.

Le président américain Barack Obama a été l'un des premiers à réagir en rendant hommage à «la vie extraordinaire de notre cher ami Shimon Peres», décédé dans la nuit à 93 ans.

> Shimon Peres en 9 photos



Il a été «un père fondateur de l'État d'Israël et un homme d'État dont l'engagement pour la sécurité et la recherche de la paix était fondé sur son inébranlable force morale et sur son indéfectible optimisme», a ajouté M. Obama.

M. Obama est l'un des dirigeants attendus aux obsèques du prix Nobel de la paix vendredi matin à Jérusalem, avec notamment ses homologues français et allemand ou le prince Charles.

Le premier ministre canadien Justin Trudeau a souligné, en offrant ses condoléances à sa famille et au peuple israélien via Twitter, que Shimon Peres était en premier lieu un homme de paix.

Les hommages des capitales occidentales contrastent avec l'absence de réactions officielles au Moyen-Orient, à l'image de l'Égypte, le premier pays arabe à avoir signé un accord de paix avec Israël.

Abbas salue un «partenaire courageux pour la paix»

Le président palestinien Mahmoud Abbas a salué mercredi en Shimon Peres « un partenaire courageux pour la paix », qui avait signé les accords d'Oslo avec son prédécesseur Yasser Arafat, a rapporté l'agence officielle palestinienne Wafa.

M. Abbas a envoyé une lettre de condoléances à la famille du défunt prix Nobel de la paix, indique l'agence. Il y décrit M. Peres comme ayant « mené des efforts soutenus et ininterrompus pour parvenir à la paix depuis Oslo et jusqu'à son dernier souffle ».

Dans cette lettre, affirme Wafa, le président palestinien exprime « sa tristesse et son regret ».

« Shimon Peres a été un partenaire pour construire la paix des braves comme le président défunt Yasser Arafat et le premier ministre Rabin », avec lesquels il a obtenu le prix Nobel de la paix, ajoute le président cité par l'agence.

On ignore si M. Abbas assistera aux obsèques de M. Peres prévues vendredi à Jérusalem.

La présidence palestinienne a mis plusieurs heures à réagir alors que les messages de sympathie affluaient à la mémoire de M. Peres. 

Un porte-parole du Hamas s'est réjoui mercredi la mort de l'ancien président israélien Shimon Peres.

Depuis la bande de Gaza, un porte-parole du Hamas islamiste, qui contrôle l'enclave, a déclaré que « le peuple palestinien est heureux de la mort de ce criminel ». « Shimon Peres était l'un des derniers fondateurs israéliens de l'occupation, sa mort signe la fin d'une époque dans l'histoire de l'occupation israélienne », a déclaré Sami Abou Zouhri à l'AFP.

«Un criminel» pour le Hamas

Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a insisté sur la détermination de M. Peres à promouvoir une solution au conflit israélo-palestinien malgré les obstacles. «Il a travaillé sans relâche à une solution à deux États» et «même lors des heures les plus difficiles, il a gardé son optimisme sur les chances de réconciliation et de paix», a-t-il déclaré.

L'émotion de Bill Clinton

Le président français François Hollande a déclaré qu'Israël avait perdu «un de ses hommes d'État les plus illustres, la paix un de ses plus ardents défenseurs, et la France un ami fidèle». «Shimon Peres appartient désormais à l'Histoire, qui a été la compagne de sa longue vie», a-t-il ajouté.

C'est «un homme qui avait vu la guerre et qui pour cette raison construisait la paix», a résumé le président du conseil italien, Matteo Renzi, en saluant un «grand ami de l'Italie».

Pour le président allemand Joachim Gauck, «Shimon Peres a marqué Israël comme aucun autre politique».

Le Russe Vladimir Poutine a loué «le courage, le patriotisme, la sagesse et la vision à long terme» en faveur de la paix de cet «homme merveilleux» qui a développé les «relations amicales russo-israéliennes».

La mémoire de Shimon Peres, dont la vie politique s'est étalée sur plusieurs décennies, est particulièrement saluée par des anciens dirigeants ayant collaboré avec lui à des processus de paix.

L'ancien président américain Bill Clinton, qui supervisa en 1993 la signature à Washington des accords d'Oslo entre Israéliens et Palestiniens, a ainsi rendu hommage à «un génie au grand coeur», «un fervent avocat de la paix, de la réconciliation et d'un avenir dans lequel tous les enfants d'Abraham construiraient un meilleur lendemain».

«Je n'oublierai jamais combien il était heureux il y a 23 ans lorsqu'il a signé les accords d'Oslo sur la pelouse de la Maison-Blanche, ouvrant une ère d'espoir dans les relations israélo-palestiniennes», s'est-il remémoré.

Pour l'ex-premier ministre britannique Tony Blair, ancien émissaire du Quartette pour le Moyen-Orient, «Shimon Peres était un géant de la politique, un homme d'État qui restera comme l'un des plus grands de notre époque et de toutes les époques».