L'ex-président et prix Nobel de la paix Shimon Peres restait dans un état grave jeudi, mais son médecin personnel a fait état d'une réelle amélioration incitant à un optimisme prudent pour cette personnalité historique respectée en Israël et à l'étranger.

M. Peres, 93, ans, a été victime mardi après-midi d'un accident vasculaire cérébral majeur faisant craindre pour la vie du dernier survivant de la génération des pères fondateurs de l'État d'Israël, qui fut aussi l'un des principaux artisans des accords d'Oslo signés avec les Palestiniens dans les années 90.

Avec M. Peres s'éteindrait, après l'Israélien Yitzhak Rabin et le palestinien Yasser Arafat, le dernier des trois hommes qui avaient été récompensés en 1994 par le Nobel «pour leurs efforts en faveur de la paix au Moyen-Orient».

Son médecin personnel, qui est aussi son gendre, a cependant fait état auprès de l'AFP d'une «réelle amélioration», après une deuxième nuit à l'hôpital Tel-Hashomer de Ramat Gan, le plus grand établissement israélien proche de Tel-Aviv.

«Il y a une amélioration graduelle, il y a de nouveau une réelle amélioration aujourd'hui», a dit Rafi Walden.

«On continue à décrire son état comme grave mais stable, et ça restera comme ça pendant les jours à venir», a-t-il déclaré.

Les médecins ont déjà indiqué que le temps, le repos et une surveillance étroite étaient leurs meilleurs alliés et qu'il fallait veiller à ce qu'un nouvel incident ne vienne pas compliquer la situation. Ils ont décrit comme cruciaux les deux ou trois jours suivant l'accident.

Quinze millions d'AVC dans le monde

M. Peres est toujours en soins intensifs en neurochirurgie et y demeurera de manière prolongée, il reste sous respirateur artificiel et sous sédatifs pour ne pas se fatiguer, a dit M. Walden.

Mais le praticien a confirmé l'espoir prudent qui avait commencé à poindre la veille, alors que l'état de M. Peres avait été initialement qualifié de critique.

«Il serre la main et il bouge les jambes, c'est l'indication qu'il écoute et qu'il réagit à nos sollicitations», a-t-il dit.

«Pour l'instant nous sommes optimistes. De façon réservée, mais nous sommes optimistes», a-t-il dit.

Les médecins se sont gardés jusqu'alors d'évoquer les séquelles de l'accident.

Plus de quinze millions de personnes dans le monde, surtout des personnes âgées, sont frappées chaque année par un AVC, selon la Fédération mondiale du coeur, basée à Genève. Plus de six millions meurent de cette pathologie qui survient quand la circulation du sang est interrompue et que le cerveau est privé d'oxygène et de nutriments. Cinq millions de personnes souffrent de séquelles diverses.

La personnalité éminente de M. Peres a donné à cet AVC une résonance particulière. Ses proches présents à ses côtés ont dit avoir reçu un afflux de marques de sympathie d'Israël et du monde entier.

Le premier ministre Benjamin Netanyahu s'est rendu mercredi soir à l'hôpital où est soigné son vieil adversaire travailliste. «Nous sommes un peu soulagés, il va un peu mieux ce soir qu'hier soir», a dit M. Netanyahu. «On espère, on prie».

En janvier déjà

M. Netanyahu a été informé par les médecins de l'état de M. Peres, mais il n'a pas pu se rendre dans la chambre, a précisé M. Walden.

Au coeur des grandes batailles de la courte histoire d'Israël et des farouches controverses d'un monde politique israélien féroce, M. Peres est devenu une personnalité consensuelle, considérée comme un sage de la nation.

Premier ministre à deux reprises, entre 1984 et 1986 et en 1995-96, puis président de 2007 à 2014, il a occupé pendant plus de 50 ans de vie publique de nombreux postes à responsabilité: Défense, Affaires étrangères, Finances...

À l'étranger aussi, celui qui négocia avec les Palestiniens et surmonta sa répugnance à discuter avec Yasser Arafat qu'il considérait comme un «terroriste» jouit d'une considération telle que l'ex-président américain Bill Clinton l'appelle son ami et que, cette année encore, le vice-président américain Joe Biden et le premier ministre français Manuel Valls lui rendaient visite.

À 93 ans, M. Peres est resté actif à travers son Centre Peres pour la paix, qui promeut la coexistence entre juifs et Arabes. Ses activités avaient été interrompues en janvier par deux alertes cardiaques en dix jours.