Israël a approuvé la construction de 463 logements dans des colonies de Cisjordanie, territoire palestinien occupé depuis près de 50 ans, malgré la réprobation internationale devant la poursuite de cette politique.

Selon l'organisation israélienne anticolonisation, la Paix maintenant, 50 logements ont reçu une approbation finale de la part de la commission compétente, et 234 un feu vert initial dans la colonie d'Elkana.

En outre, 179 logements déjà construits dans la colonie d'Ofarim ont été validés rétroactivement, a déclaré à l'AFP Hagit Ofran, une porte-parole de la Paix maintenant.

Ces programmes « sont tous problématiques », a-t-elle dit. Les Israéliens « continuent à planifier et à faire avancer la planification, et de manière générale, c'est mauvais pour la solution à deux États et pour Israël », a-t-elle ajouté.

La solution à deux États - la création d'un État palestinien coexistant en paix avec Israël - est la clé de voûte des grands projets internationaux de règlement du conflit israélo-palestinien, l'un des plus vieux au monde.

La colonisation, c'est-à-dire la construction d'implantations civiles sur des terres occupées par Israël depuis 1967, passe pour un obstacle majeur à la paix.

Elle est considérée comme illégale par la communauté internationale, mais s'est poursuivie sous tous les gouvernements israéliens, y compris celui que dirige actuellement Benyamin Nétanyahou et qui fait une place importante aux avocats de la colonisation.

Une partie de la communauté internationale s'inquiète que la poursuite de la colonisation, qui grignote le territoire et en désagrège la continuité, finisse par rendre impossible l'établissement d'un État palestinien.

L'envoyé spécial de l'ONU au Proche-Orient, Nickolay Mladenov, s'était alarmé lundi de la « poussée » de la colonisation devant le Conseil de sécurité.

Depuis le 1er juillet, Israël a fait avancer selon lui les projets de construction de plus de 1700 logements au total : plus de 700 en Cisjordanie occupée et plus d'un millier à Jérusalem-Est, partie palestinienne de Jérusalem annexée et occupée par Israël.

« Toujours plus »

La Paix maintenant énonce le chiffre de 2623 logements promus depuis début 2016 rien qu'en Cisjordanie, dont 756 ont été validés a posteriori après avoir été construits illégalement selon l'organisation.

M. Mladenov avait ouvertement mis en doute la volonté israélienne de parvenir à une solution à deux États. Pour la Paix maintenant, le premier ministre israélien essaierait même de « la tuer en construisant toujours plus dans les colonies ».

Les agissements israéliens « semblent conforter une politique menée depuis des décennies, qui a permis à plus d'un demi-million d'Israéliens de s'établir sur un territoire occupé militairement depuis 1967 », avait dit M. Mladenov.

Le porte-parole du gouvernement de Benyamin Nétanyahou avait jugé « absurdes » les accusations de M. Mladenov qui constituaient selon lui « une distorsion de l'Histoire et du droit international ». « Les Juifs sont à Jérusalem et en Judée-Samarie (nom juif de la Cisjordanie) depuis des milliers d'années et leur présence n'est pas un obstacle à la paix », avait dit David Keyes.

Près de 600 000 colons israéliens vivent actuellement en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, un secteur dont les Palestiniens veulent faire la capitale de leur futur État. La question des colonies constituerait un casse-tête de négociations en vue d'un règlement définitif du conflit.

Dans les faits, « aucune perspective de reprise des négociations (n'est) en vue », avait dit M. Mladenov lundi.

La dernière initiative, américaine, avait périclité en avril 2014. M. Nétanyahou se dit prêt à renouer le dialogue avec le président palestinien Mahmoud Abbas, sans condition préalable de part et d'autre. M. Abbas, échaudé, refuse, sauf si Israël satisfait certaines conditions, dont le gel de la colonisation.

Washington «profondément» inquiet

Les États-Unis ont exprimé mercredi leur « profonde » inquiétude après l'approbation par Israël de la construction de plusieurs centaines de logements dans des colonies de Cisjordanie.

« Nous sommes profondément préoccupés par l'annonce du gouvernement israélien », a déclaré à l'AFP un responsable américain sous couvert d'anonymat.