L'Iran a montré pour la première fois dimanche son nouveau système de défense antiaérien Bavar 373, construit localement et comparable au S-300 russe, témoignant de sa détermination à développer ses capacités militaires malgré les inquiétudes de l'Occident.

Les images diffusées par les différents médias iraniens ont montré le président Hassan Rohani et son ministre de la Défense Hossein Dehghan lors de la cérémonie dévoilant le nouveau système, un projet qui avait été lancé à l'époque où l'Iran subissait encore les sanctions internationales.

Le général Dehghan avait annoncé en mai «l'entrée en production du système Bavar 373» en expliquant qu'il était «capable de détruire des missiles de croisière, des drones, des avions de combat et des missiles balistiques».

Ce système est aussi «capable de détruire plusieurs cibles à la fois», avait-il ajouté.

L'Iran a décidé de se lancer dans ce projet lorsque la Russie avait suspendu en 2010 un contrat conclu trois ans plus tôt pour la livraison du système S-300 à cause des sanctions.

Celles-ci avaient été imposées par l'Occident et l'ONU pour pousser Téhéran, accusé de chercher à se doter de l'arme nucléaire, à cesser ses activités nucléaires sensibles.

La conclusion en juillet 2015 d'un accord nucléaire historique entre l'Iran et les grandes puissances, dont les États-Unis, avait permis la levée progressive des sanctions après que Téhéran s'est engagé à garantir la nature exclusivement pacifique de son programme nucléaire via notamment une réduction drastique de ses capacités.

Dans ce contexte, Moscou a de nouveau autorisé le transfert des S-300 dont une partie a été livrée à l'Iran.

Cette livraison a été critiquée par les États-Unis et Israël qui a maintes fois menacé d'attaquer les installations nucléaires de l'Iran, son ennemi juré.

Premier moteur turboréacteur

Les États-Unis continuent d'imposer des sanctions à l'Iran, notamment à cause de son programme de missiles balistiques et son soutien à certains groupes comme le Hezbollah libanais ou des groupes palestiniens, qualifiés de «terroristes» par Washington.

Mais après la conclusion de l'accord nucléaire, entré en vigueur en janvier dernier, l'Iran a continué à développer ses capacités militaires et balistiques.

Vendredi, M. Dehghan avait réaffirmé l'intention de son pays de développer ses capacités balistiques. «Aujourd'hui, notre capacité balistique est telle que nous pouvons détruire les cibles à n'importe quelle distance».

Et le lendemain, il avait expliqué que le Bavar 373 avait «toutes les capacités du S-300».

Parallèlement aux images montrées sur le système Bavar 373, M. Rohani a également dévoilé le premier moteur turboréacteur construit par les ingénieurs de l'industrie de la Défense.

«La République islamique d'Iran fait partie des huit pays dans le monde qui maîtrisent la technologie pour la construction de ces moteurs», a affirmé de son côté M. Dehghan.

Selon lui, «ce premier moteur turboréacteur a une capacité de vol à une altitude de 50 000 pieds (...) et peut être installé sur des avions d'un poids maximum de 10 tonnes».

Budget militaire doublé

Avec ce turboréacteur nous avons fait «un grand pas» dans l'industrie militaire, a dit de son côté M. Rohani.

Sur le moteur, il y avait l'inscription «Ma mitavanim» ('Nous pouvons', en persan) qui rappelle le slogan de campagne du président américain Barack Obama ('Yes we can'), mais aussi une phrase maintes fois utilisée par l'ex-président conservateur iranien Mahmoud Ahmadinejad.

M. Rohani a souligné que son gouvernement avait «plus que doublé» le budget militaire cette année (mars 2016 - mars 2017) par rapport à la précédente pour augmenter les capacités défensives du pays.

Depuis la levée d'une partie des sanctions mi-janvier, l'Iran a pu augmenter ses exportations de pétrole et bénéficier de quelques investissements étrangers, mais les gros contrats, en particulier dans le secteur aéronautique avec Boeing et Airbus pour renouveler sa flotte d'avions vieillissants, attendent encore.

De plus, les États-Unis interdisent toujours toute transaction en dollar avec l'Iran et menacent de représailles les grandes banques internationales qui feraient affaire avec des personnalités ou entités iraniennes accusées notamment de soutien au «terrorisme» ou de «violations des droits de l'Homme».