Les forces gouvernementales yéménites ont repris mercredi le contrôle d'une base militaire à Aden en donnant l'assaut à un bâtiment où de présumés jihadistes s'étaient barricadés, a affirmé le commandant de la base.

Cette nouvelle attaque illustre la difficulté des forces gouvernementales à assurer la sécurité dans la deuxième ville du pays, plus d'un an après sa reprise aux rebelles chiites Houthis qui contrôlent la capitale Sanaa et une bonne partie du nord.

«Les forces de sécurité et de l'armée ont repris le contrôle de la base après avoir repoussé les jihadistes, dont plusieurs ont été tués dans les combats», a déclaré à l'AFP le général Nasser Sarie, commandant de la base Al-Sawlaban, utilisée par les unités spéciales.

Les forces de la coalition militaire arabe, qui opèrent en soutien aux forces loyales au président Abd Rabbo Mansour Hadi, ont contribué à la reprise de la base après des accrochages aux lance-roquettes et à l'arme légère entre les forces loyalistes et les assaillants, a ajouté l'officier.

Il n'a pas fourni de précisions sur le sort d'officiers qui se trouvaient dans le bâtiment principal de la base dont quelque 15 à 20 assaillants s'étaient brièvement emparés.

Des sources de sécurité ont fait état de la mort d'au moins 10 militaires et de six parmi les assaillants, dont certains ont réussi à prendre la fuite.

Des hélicoptères d'attaque Apache de la coalition ont survolé la base, qui a essuyé des tirs d'obus de mortier tirés depuis les alentours, selon des sources militaires et des témoins.

L'attaque a débuté tôt le matin lorsque la base, jouxtant l'aéroport international d'Aden, a été la cible d'un double attentat à la voiture piégée, selon une source militaire.

Déguisés en militaires, les assaillants ont fait exploser une voiture piégée à l'entrée, ouvrant la voie à un second véhicule qui a foncé à l'intérieur où il a explosé, a ajouté à l'AFP cette source.

Des renforts militaires ont été acheminés dans le secteur, situé dans le quartier de Khor Maksar, bouclé par les forces de sécurité, selon des témoins.

L'attaque a été lancée au premier jour de l'Aïd el-Fitr, la fête qui marque la fin du ramadan, le mois de jeûne musulman.

«Non aux saboteurs»

Le premier ministre yéménite Ahmed ben Dagher, présent à Aden, a répété mercredi qu'il «ne permettrait pas aux saboteurs de nuire à la sécurité des habitants et d'entraver l'action du gouvernement».

Les jihadistes du groupe Etat islamique (EI) et d'Al-Qaïda, pourchassés par les forces gouvernementales, restent actifs dans le sud et le sud-est du Yémen où ils ont profité de la guerre qui oppose depuis mars 2015 les troupes loyalistes aux rebelles pour intensifier leurs actions.

Les forces pro-Hadi ont pourtant réussi fin mai à reprendre le contrôle de Moukalla, chef-lieu du Hadramout (sud-est), qu'Al-Qaïda avait administrée pendant un an.

Mais la menace jihadiste persiste avec une série d'attentats meurtriers ayant visé notamment les forces de sécurité et l'armée, revendiqués notamment par l'EI.

Le 23 mai, 41 militaires ont péri dans un double attentat contre des recrues et une base militaire également à Khor Maksar, revendiqué par l'EI.

Le 15 mai, un kamikaze a actionné sa ceinture d'explosifs parmi des dizaines de jeunes recrues de la police à Moukalla, faisant 41 morts et plus de 50 blessés. Cet attentat a été revendiqué par l'EI.

Aden a été déclarée «capitale provisoire» du Yémen par le gouvernement reconnu par la communauté internationale, alors que les Houthis, alliés aux partisans de l'ancien président Ali Abdallah Saleh, contrôlent la capitale Sanaa et une bonne partie du nord du Yémen.