L'administration du président Barack Obama s'est résolue à donner un coup de main militaire au gouvernement afghan, en difficulté face aux talibans, en laissant plus de marge de manoeuvre aux forces américaines pour intervenir dans les combats contre les insurgés.

Les forces américaines en Afghanistan (9800 militaires aujourd'hui) resteront cantonnées à la mission de conseil et d'assistance des forces afghanes qui est la leur depuis décembre 2014.

Mais les chefs militaires américains auront désormais « une latitude supplémentaire pour prendre des initiatives » contre les talibans, a déclaré le secrétaire américain à la Défense Ashton Carter.

Ils pourront ainsi envoyer plus facilement les avions de combat américains appuyer les troupes afghanes dans les combats contre les talibans.

Jusqu'à maintenant, ces avions ne pouvaient intervenir qu'en cas de danger pour des soldats américains, ou pour secourir « in extremis » des forces afghanes en péril.

Les conseillers militaires déployés auprès des forces afghanes vont également pouvoir se rapprocher des combats, sortant des grands états-majors où ils étaient pour l'instant cantonnés.

Les conseillers militaires pourront désormais dispenser leur aide au niveau des brigades afghanes, près des combats - mais « pas sur la ligne de front », a précisé un responsable américain de la Défense.

Pour l'instant, seules les forces spéciales américaines étaient autorisées à descendre ainsi sur le terrain pour leurs homologues afghans.

La décision américaine ne marque pas « un chèque en blanc pour viser les talibans », qui renverrait les soldats américains au feu face aux insurgés, a souligné un responsable américain.

Mais elle est un coup de main réclamé depuis des mois par les militaires américains, soucieux de voir les forces afghanes perdre du terrain face aux avancées des talibans.

Les forces afghanes ont perdu plus de 5000 hommes en 2015 face aux insurgés et ont dû céder du terrain dans plusieurs régions du pays.

Des militaires américains et des experts réclament également un maintien des effectifs militaires américains, qui sont censés passer de 9800 à 5500 hommes à partir de janvier prochain.

La Maison-Blanche ne s'est pas encore prononcée sur cette question.

Le président Barack Obama « attend de ses commandants militaires qu'ils lui fournissent leurs meilleurs avis de professionnels », s'est borné à souligner le responsable américain.

Et toute proposition prendra en compte l'objectif de « développer les capacités des forces de sécurité afghanes », a-t-il ajouté.

Les responsables américains ont répété à plusieurs reprises ces derniers temps qu'ils voulaient prendre leurs décisions en coordination avec l'OTAN, qui tiendra un sommet les 8 et 9 juillet à Varsovie.

Manque d'avions et d'hélicoptères

Le retrait des troupes américaines d'Afghanistan était l'un des grands objectifs du président Obama, mais celui-ci a accumulé les désillusions.

Arrivé au pouvoir alors que les forces américaines comptaient environ 30 000 hommes en Afghanistan, il a dû se résoudre à envoyer des dizaines de milliers de troupes supplémentaires, jusqu'à un pic de 100 000 hommes en 2011.

L'année dernière encore, il comptait laisser les clés de la Maison-Blanche en janvier avec un contingent limité à 1000 hommes à Kaboul.

Mais en octobre dernier, il avait dû se résoudre à revoir ses plans une première fois, augmentant le plafond à 5500.

Malgré les milliards de dollars dépensés par l'administration américaine et des progrès soulignés par les militaires américains, l'armée afghane présente encore de nombreuses faiblesses, notamment en matière d'organisation et de coordination.

Elle manque encore cruellement d'avions ou d'hélicoptères pour appuyer ses troupes au sol, ne pouvant compter pour l'instant que sur quelques avions d'attaque au sol A-29 fournis par les Américains et des hélicoptères légers MD-530.

Les troupes américaines sont arrivées en Afghanistan il y a 15 ans, chassant les talibans du pouvoir après les attentats du 11 septembre 2001.

Plus de 2000 soldats américains ont été tués dans le pays, et des milliers d'autres blessés.