Les autorités judiciaires dans la bande de Gaza aux mains du Hamas islamiste comptent exécuter en public prochainement une série de condamnés de droit commun, une pratique exceptionnelle dans l'enclave palestinienne, a indiqué dimanche le procureur général de Gaza.

« Des peines capitales vont être appliquées sous peu à Gaza », a annoncé le procureur général, Ismaïl Jaber. « Je demande qu'elles aient lieu devant une foule importante ».

Depuis qu'il a pris le pouvoir par la force en 2007 à Gaza, le Hamas a procédé à des exécutions ordonnées par des tribunaux civils ou militaires. Mais les mises à mort publiques sont rares. Il s'agit dans leur immense majorité de Palestiniens accusés de collaborer avec l'ennemi israélien. Les exécutions de condamnés de droit commun sont exceptionnelles.

Treize hommes, pour la plupart condamnés pour des meurtres motivés par des vols, attendent actuellement leur exécution, a dit vendredi Khalil al-Haya, un dirigeant du Hamas, lors de la grande prière musulmane. « Les familles des victimes ont le droit de réclamer que les peines soient appliquées », a-t-il dit.

Ces familles ont obtenu dimanche une rare autorisation de tenir un sit-in, et ont réuni des dizaines de personnes devant le Parlement à Gaza pour réclamer que les peines de mort soient mises à exécution.

Les dernières exécutions publiques à Gaza remontent à l'été 2014, en pleine guerre avec Israël, lorsque des hommes portant des uniformes de la branche armée du Hamas avaient fusillé six hommes devant la principale mosquée de la ville de Gaza à la sortie de la grande prière.

Selon le Centre palestinien des droits de l'Homme (PCHR), l'une des organisations les plus actives pour la défense des droits de l'Homme dans les Territoires occupés, neuf peines capitales ont été prononcées dans la bande de Gaza en 2015 et deux en Cisjordanie occupée, territoire distinct dirigé par l'Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas. Et une dizaine ont été à nouveau prononcées à Gaza depuis le début 2016.

La loi palestinienne prévoit la peine capitale pour les collaborateurs, les meurtriers et les trafiquants de drogue. Depuis la création en 1994 de l'Autorité palestinienne, selon le PCHR, plus de 170 Palestiniens ont été condamnés à mort. Parmi eux, une trentaine ont été exécutés, en grande majorité à Gaza.

La loi palestinienne requiert normalement que M. Abbas approuve l'exécution. Mais M. Abbas n'a plus son mot à dire dans la bande de Gaza depuis l'éviction de l'Autorité palestinienne en 2007. Le Hamas s'affranchit de son accord pour appliquer les peines de mort.

« Retarder les exécutions en prétextant d'attendre l'accord du président n'a aucun sens », a dit le ministère de la Justice du Hamas à Gaza dans un communiqué, car « son mandat a pris fin il y a des années ». Le mandat de M. Abbas a expiré en 2009 mais court toujours faute de consensus sur la tenue d'élections.