Gulbuddin Hekmatyar, chef de l'une des principales factions de l'insurrection islamiste armée en Afghanistan, le Hezb-e-Islami, est «proche» d'un accord de paix avec le gouvernement qui pourrait ouvrir la voie à son retour en politique, selon les deux parties.

Le Hezb-e-Islami (Le parti de l'Islam, en dari, l'une des deux langues afghanes) fait figure d'éternel second de la rébellion islamiste, derrière les talibans. Son insurrection a largement baissé en intensité ces dernières années, mais M. Hekmatyar figure toujours sur les «listes noires» de Washington et de l'ONU.

Kaboul et le Hezb-e-Islami «sont tombés d'accord sur la plupart des points évoqués dans l'accord de paix», qui en est encore à l'état de projet, a indiqué à l'AFP mercredi un haut responsable du parti. «Nous sommes très proches de la signature d'un accord», a ajouté cette source qui a souhaité garder l'anonymat.

Le palais présidentiel a confirmé qu'un accord en 25 points devrait prochainement voir le jour. Selon une ébauche du texte à laquelle l'AFP a eu accès, le gouvernement promet de libérer les prisonniers du Hezb-e-Islami ainsi qu'une amnistie «politique et militaire». M. Hekmatyar, qui vit dans la clandestinité depuis des années, pourra également se choisir «deux ou trois» lieux de résidence en Afghanistan et sa sécurité sera assurée par le gouvernement.

En échange, les djihadistes s'engagent à déposer les armes et à respecter la Constitution.

Le président Ashraf Ghani «étudie le projet d'accord», a précisé Shah Hussein Murtazawi, un porte-parole du palais, sans donner de date pour la signature du document. Sa lutte armée s'est parfois traduite par de spectaculaires attentats, notamment un qui avait tué 15 personnes, dont 5 Américains, en 2013.

Cet accord de paix permettra surtout à Gulbuddin Hekmatyar, un sexagénaire vétéran du djihad antisoviétique, de rentrer dans le cénacle politique afghan, dont les rangs comptent de nombreux anciens chefs de guerre, à l'instar du général Dostum, aujourd'hui premier vice-président.

Il marque aussi une première victoire du président Ashraf Ghani dans ses efforts pour ramener la paix en Afghanistan au moment où le Pakistan voisin accueille une nouvelle session de pourparlers internationaux, espérant relancer un processus de paix moribond entre Kaboul et les talibans afghans.

«Nous sommes optimistes et nous saluons cet accord», a expliqué à la presse Mohammed Khan, un adjoint du chef de l'exécutif Abdullah Abdullah. Le département d'État américain a également fait part de son optimisme quant à la perspective d'un futur accord de paix.

Mais le projet d'amnistie fait déjà débat. M. Hekmatyar est en effet accusé d'avoir tué des milliers de personnes pendant la guerre civile des années 90. «Nous sommes contre la culture de l'impunité. Personne ne peut violer les droits des Afghans», a réagi Sima Sarmar, la directrice de la Commission indépendante des droits de l'homme.