Des centaines d'habitants de Sadr City, un quartier de Bagdad meurtri par un attentat qui a fait 64 morts, ont manifesté jeudi contre les politiciens qu'ils tiennent responsables du carnage.

La capitale irakienne a été le théâtre mercredi de trois attentats à la voiture piégée ayant fait près de 100 morts lors de la journée la plus meurtrière à Bagdad cette année.

L'un des attentats est survenu dans le quartier chiite de Sadr City et a été revendiqué par le groupe djihadiste État islamique (EI), qui a également dit être derrière les deux autres attaques.

Mais les manifestants de jeudi, en majorité des partisans du chef religieux chiite Moqtada Sadr, fer de lance d'un mouvement de protestation contre les autorités, estiment que celles-ci sont derrière les explosions.

Le 30 avril, des milliers de personnes, en majorité des partisans de Moqtada Sadr, avaient envahi le Parlement pour protester contre l'incapacité des députés à nommer un nouveau gouvernement de technocrates.

«Ce qui s'est passé, ce sont des représailles des politiciens, car nous sommes entrés dans le Parlement», lâche Oum Abbas, une femme de 38 ans qui a perdu son frère dans l'attentat.

«Les politiciens nous ont menacés publiquement. Nous pensions que ce serait une campagne d'arrestation, mais il semble qu'ils aient mené cette attaque à la place» accuse-t-elle.

Le groupe sunnite EI, qui occupe de vastes pans du territoire irakien, prend fréquemment pour cible la communauté chiite, majoritaire en Irak, accusée d'être hérétique.

L'EI «n'est pas derrière l'explosion, ce sont les politiciens», surenchérit Abou Ali al-Zaidi, 45 ans.

Lui et d'autres manifestants ont appelé à la démission du ministre de l'Intérieur Mohammed Al-Ghabbane.

Si tous n'accusent pas directement les autorités d'être derrière les attaques, beaucoup déplorent leur inaction.

«Le gouvernement est censé mettre en place des mesures pour nous protéger, mais il ne nous propose rien», regrette Cheikh Kadhim Jassem, 72 ans.

L'Irak est embourbé depuis plusieurs mois dans une crise politique poussant des milliers d'Irakiens à manifester contre une classe politique jugée corrompue.

Si la vie politique du pays est complètement paralysée, les forces de sécurité poursuivent elles les opérations contre l'EI dans les provinces d'Al-Anbar et Mossoul, deux fiefs de l'organisation ultraradicale.