Les négociations directes entre rebelles et pouvoir yéménites ont repris lundi au Koweït pour trouver les moyens de régler les questions clés, l'ONU faisant état de la persistance d'un grand fossé entre les parties en conflit.

Trois groupes de travail se sont réunis pour relancer les difficiles discussions sur le retrait des rebelles chiites Houthis des zones conquises au Yémen, sur la remise des armes, la libération des prisonniers et détenus et le règlement politique du conflit, a déclaré à l'AFP un porte-parole de l'ONU.

L'émissaire de l'ONU pour le Yémen, Ismaïl Ould Cheikh Ahmed, a fait état d'énormes défis à relever et d'un grand fossé entre les deux camps. «Il est évident que nous nous trouvons à un tournant. Soit nous avançons vers la paix soit nous revenons à la case départ».

Les groupes de travail doivent de nouveau se réunir mardi, a-t-il ajouté.

Le conflit au Yémen a été déclenché après une offensive en juillet 2014 des Houthis qui leur a permis de s'emparer de vastes régions dont la capitale Sanaa. Une coalition arabe dirigée par l'Arabie saoudite est intervenue en mars 2015 pour venir en aide au pouvoir et empêcher les Houthis de prendre le contrôle de tout le pays ravagé.

Le 21 avril des négociations de paix parrainées par l'ONU ont été lancées au Koweït, 10 jours après un cessez-le-feu entré en vigueur au Yémen que les belligérants s'accusent mutuellement de violer.

Quelques heures après la reprise des discussions à Koweït, la coalition militaire arabe a indiqué que la défense aérienne saoudienne avait intercepté à l'aube un missile balistique tiré du Yémen voisin, en dénonçant une «dangereuse escalade» des rebelles.

Il s'agit du premier tir de missile rapporté depuis le début des négociations appelées à mettre fin au conflit qui a fait 6400 morts et déplacé 2,8 millions de personnes selon l'ONU.

«Le tir du missile en ce moment précis est une dangereuse escalade de la part des milices des Houthis et des forces du (président) déchu (Ali Abdallah Saleh)», leurs alliés, a affirmé la coalition dans un communiqué.

Elle a assuré qu'elle tentait avec la communauté internationale de «maintenir le calme et d'aider au succès des discussions au Koweït», mais qu'elle «se réservait le droit de riposter aux moment et lieu opportuns» si une telle attaque se répétait.

Plus tôt lundi, l'émissaire de l'ONU avait exhorté les protagonistes à faire des «concessions». «J'ai confiance en la volonté des Yéménites de mettre fin au conflit».

Le ministre yéménite des Affaires étrangères et chef de la délégation gouvernementale, Abdel Malek al-Mekhlafi avait lui regretté l'absence de progrès. «Pour parvenir à la paix, nous avons accepté toutes les propositions qui nous ont été soumises. Mais après trois semaines, nous n'avons rien en mains parce que la partie adverse est revenue sur ses engagements», avait-il écrit sur Twitter.

Selon une source proche de la délégation du pouvoir, la reprise des négociations directes est intervenue à la suite de pressions diplomatiques internationales sur les rebelles. Aucun progrès n'a été enregistré lundi, a-t-elle dit.

Une source proche des rebelles a, elle, indiqué que leur délégation devait rencontrer plus tard lundi les ambassadeurs de 18 pays soutenant les efforts de l'ONU.

Les Houthis et leurs alliés veulent la mise en place d'un gouvernement de transition avant un retrait des zones qu'ils occupent et la remise des armes lourdes à l'armée, comme les y oblige la résolution 2216 du Conseil de sécurité.