Une Palestinienne a été tuée jeudi dans des tirs de chars israéliens dans la bande de Gaza, au deuxième jour d'un accès de violences inédit depuis 2014 qui met à l'épreuve le fragile cessez-le-feu avec le mouvement islamiste Hamas.

Il s'agit du premier décès depuis mercredi, lorsque des tirs d'obus de mortier provenant de la bande de Gaza ont visé des soldats israéliens de l'autre côté de la frontière, provoquant une riposte de l'État hébreu.

L'armée israélienne a dit avoir dénombré 10 attaques au mortier contre ses soldats en deux jours.

C'est la première fois que le Hamas ouvre le feu sur les forces israéliennes depuis la guerre de 2014, a dit un porte-parole de l'armée, le colonel Peter Lerner.

Après un raid aérien mené mercredi contre cinq positions du Hamas, l'armée a indiqué en avoir mené deux nouveaux jeudi, contre huit de ses sites.

Les chars israéliens déployés à la frontière avec l'enclave palestinienne ont également tiré à plusieurs reprises sur ce que l'armée a décrit comme des cibles du Hamas.

Une Palestinienne a été tuée par des tirs de chars qui ont touché sa maison à l'est de Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, a indiqué l'hôpital de la ville en l'identifiant comme Zeina Al-Amour, 54 ans. Le tir israélien ripostait à une attaque au mortier, selon l'armée.

Un Palestinien de 21 ans a été également blessé par des éclats à l'est de Khan Younès.

Enjeu des tunnels

Quatre membres d'une même famille, dont trois enfants, ont été blessés dans un précédent raid dans la ville de Gaza, selon des sources palestiniennes.

Ce raid a frappé un garage automobile, a déclaré à l'AFP son propriétaire Hassan Hassanein qui a assuré que les véhicules ayant pris feu n'étaient pas utilisés par le Hamas.

Au coeur des tensions: les activités de l'armée qui cherche à détecter des tunnels le long de la barrière de sécurité qui enferme hermétiquement l'enclave palestinienne.

Selon le colonel Peter Lerner, le Hamas prend mal les opérations contre ses tunnels qui menacent de le priver d'une arme essentielle.

Le Hamas, qui n'a pas revendiqué les attaques des derniers jours, a affirmé qu'il ne permettrait pas «la poursuite de l'agression sioniste» à Gaza.

L'armée a annoncé la découverte d'un nouveau tunnel creusé à une trentaine de mètres de profondeur dans le sud de la bande Gaza et débouchant en Israël. C'est le deuxième découvert depuis le 18 avril.

Le colonel Lerner a confirmé que les Israéliens cherchant les tunnels opéraient à l'intérieur du territoire palestinien, dans une bande de 100 mètres le long de la barrière de sécurité, et que c'était dans cet espace que le second tunnel avait été découvert.

Les tunnels ont été l'un des moyens les plus efficaces employés par les groupes palestiniens en 2014 pour porter la menace sur le sol israélien. Leur destruction était l'un des principaux objectifs israéliens du conflit.

Photo Khalil Hamra, AP

L'armée israélienne a indiqué que seul le mouvement islamiste Hamas, au pouvoir dans la bande de Gaza, était visé par les raids. Sur cette photo, un camion endommagé lors des raids.

Les deux camps «se testent»

Israéliens et Palestiniens se sont livré en juillet-août 2014 la plus longue et la plus dévastatrice des trois guerres depuis 2008. Elle a provoqué la mort de 2251 personnes, majoritairement des civils, côté palestinien et 73, dont 67 soldats, côté israélien.

L'armée dit avoir détruit plus de 30 tunnels durant cette guerre, alors que les médias israéliens ont rapporté l'existence d'une nouvelle technologie pour détecter ces tunnels.

«Nous continuerons à agir (...) jusqu'à l'explosion du dernier tunnel», a indiqué sur Twitter le ministre israélien de la Défense Moshé Yaalon.

Les services de sécurité israéliens ont annoncé l'arrestation début avril d'un membre des brigades Ezzedine al-Qassam, la branche armée du Hamas, qui serait impliqué selon eux dans la construction des tunnels. Arrêté en tentant de s'infiltrer en Israël, il aurait fourni de précieuses informations sur les tunnels.

Malgré l'actuel accès de fièvre, «Israël ne voit aucun intérêt dans une escalade», a dit le colonel Lerner.

Moustafa al-Sawaf, ancien rédacteur en chef d'un journal affilié au Hamas, ne croit pas, lui non plus, à une nouvelle explosion dans l'immédiat. Les deux camps «se testent», dit-il. Cependant, ils se préparent activement à l'affrontement suivant.