La tension est subitement montée mercredi entre Israël et la bande de Gaza contrôlée par le Hamas palestinien avec des échanges de tirs à la frontière et des raids aériens israéliens, mettant à l'épreuve le fragile cessez-le-feu.

L'aviation israélienne a visé la zone de l'aéroport international à Rafah, inutilisé, et les alentours, ont affirmé des sources sur place.

Des «avions de combat israéliens F-16 ont largué deux missiles sur l'aéroport faisant des dégâts mais pas de blessés», ont indiqué des sources au sein des services de sécurité gazaouis.

Selon des témoins, deux autres missiles ont visé «des cibles proches de l'aéroport utilisées par la résistance palestinienne», terme désignant les groupes armés, dont le Hamas.

L'armée israélienne a de son côté indiqué avoir bombardé «cinq infrastructures terroristes du Hamas dans le sud de la bande de Gaza».

«L'armée continuera ses opérations afin de protéger les citoyens israéliens des menaces terroristes du Hamas sur et sous le sol», a affirmé Peter Lerner, porte-parole de l'armée qui avait mené en 2014 une offensive meurtrière pour détruire le réseau de tunnels des groupes armés gazaouis.

Plus tôt dans la journée, les chars israéliens avaient tiré sur des positions à l'intérieur du territoire en riposte à des tirs d'obus.

L'armée israélienne a affirmé avoir tiré depuis l'extérieur du petit territoire sous blocus, tandis que les brigades Ezzedine al-Qassam, la branche armée du Hamas, ont dénoncé «des incursions» israéliennes.

Une source militaire israélienne avait évoqué plusieurs attaques au mortier, qui n'ont pas fait de victimes, contre des soldats opérant auprès de la barrière de sécurité qui enferme hermétiquement Gaza. Des soldats israéliens ont également essuyé des tirs dans le secteur frontalier du kibboutz de Nahal Oz, a indiqué l'armée sans préciser la nature des tirs.

Le secteur israélien autour de Nahal Oz a été déclaré «zone militaire fermée». «Cela signifie que seuls les habitants de Nahal Oz et de ses environs peuvent entrer» dans la zone, a précisé l'armée.

Une telle mesure ne semble pas avoir été prise depuis des mois, peut-être depuis la guerre de juillet-août 2014, selon un officier israélien.

Alors que les tirs au mortier n'ont pas été revendiqués, le Hamas et le Ddjihad islamique, les deux principales organisations armées dans Gaza, ont, dans des communiqués séparés, mis en garde Israël contre toute escalade.

Dans la soirée, les brigades Qassam ont prévenu dans un communiqué qu'elles ne «permettront pas que se poursuive l'offensive sioniste sur la bande de Gaza».

Elles ont dénoncé les «incursions» d'Israël comme «une violation flagrante de la trêve conclue en 2014». 

Accroc ou escalade? 

Un cessez-le-feu tendu est observé depuis fin août 2014 de part et d'autre de la barrière de sécurité israélienne.

L'envoyé spécial de l'ONU au Proche-Orient Nickolay Mladenov, s'est dit «inquiet», appelant toutes les parties «au maximum de retenue pour éviter tout risque d'escalade».

L'accès de nervosité pourrait être dû à un surcroît d'activités de la part de l'armée israélienne le long de la barrière pour repérer d'éventuels tunnels ou infiltrations de Palestiniens.

L'armée a annoncé le 18 avril avoir découvert et «neutralisé» un tunnel entre Gaza et le sud d'Israël, le premier depuis la guerre de juillet-août 2014, la plus dévastatrice des trois guerres dans la bande de Gaza depuis 2008, avec 2251 Palestiniens, majoritairement des civils, tués, et 73 morts, dont 67 soldats, côté israélien, selon l'ONU.

Ce cessez-le-feu est sporadiquement remis en cause par des tirs de roquettes de Gaza vers Israël, qui seraient le fait de groupes armés contestant l'autorité du Hamas.

Israël riposte toutefois en frappant des positions du Hamas, qu'il dit tenir pour responsable de la sécurité sur le territoire qu'il contrôle depuis 2007.

Les derniers tirs remettent en question les récentes déclarations du Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou qui affirmait, alors que «nous approchons des deux ans» depuis l'offensive israélienne de 2014, «ces deux années ont été les plus calmes dont je me souvienne depuis que le Hamas a pris le pouvoir».