La Jordanie a décidé de ne pas installer de caméras de surveillance sur l'esplanade des Mosquées à Jérusalem, invoquant «les doutes» de «certains» Palestiniens sur ce projet vanté par le secrétaire d'État américain John Kerry, a indiqué lundi le premier ministre jordanien.

«Nous avons été surpris des réactions de certains (Palestiniens) qui ont émis des remarques, se sont interrogés et ont fait part de leurs doutes sur les objectifs du projet», a affirmé Abdallah Nsour, cité par l'agence officielle Petra.

Le royaume hachémite, gardien des lieux saints à Jérusalem-Est occupée, avait annoncé le 20 mars l'installation au cours «des prochains jours» de 55 caméras de surveillance sur l'esplanade des Mosquées, pour documenter «les violations» israéliennes.

«Parce que nous respectons le point de vue» des Palestiniens (...), nous avons estimé que ce projet n'était plus consensuel, mais une source de conflit éventuel, et avons décidé de mettre fin à son exécution», a indiqué M. Nsour.

Selon lui, l'objectif principal de la Jordanie était d'installer des caméras de surveillance «sur l'esplanade et non pas à l'intérieur des mosquées, pour documenter les agressions israéliennes à répétition sur les lieux saints».

L'esplanade, qui abrite la mosquée Al-Aqsa et le Dôme du Rocher, est située à Jérusalem-Est, partie palestinienne de Jérusalem annexée et occupée par Israël. Elle est le troisième lieu le plus sacré de l'islam, mais aussi le site le plus saint des juifs, qui la révèrent comme le mont du Temple.

Le dirigeant de la faction radicale du Mouvement islamique, Raed Salah, avait appelé la Jordanie a reconsidérer le projet, craignant qu'il ne deviennent des «yeux pour Israël».

Un accord pour la mise en place d'une surveillance vidéo 24h/24 de tous les secteurs de l'esplanade des Mosquées avait été annoncé à Amman en octobre par John Kerry après qu'il eut vu le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, le président palestinien Mahmoud Abbas et le roi Abdallah II de Jordanie.

À Washington, le porte-parole du département d'État John Kirby n'a pas caché sa déception.

«Les Jordaniens peuvent commenter leur décision d'arrêter le projet. Nous jugeons que c'est dommage car c'est un outil utile (...) et nous exhortons toujours toutes les parties à rétablir le calme et à faire baisser la violence», a critiqué M. Kirby.

John Kerry s'était cassé les dents en avril 2014 sur sa médiation de neuf mois pour relancer le processus de paix israélo-palestinien.