Dans le cadre des négociations de paix en Syrie, deux représentants de l'équipe principale de l'opposition disent avoir rejeté une proposition de l'émissaire spécial des Nations unies en Syrie en vertu de laquelle le président Bachar al-Assad resterait au pouvoir pendant une période de transition, tandis que l'opposition choisirait trois vice-présidents.

L'émissaire spécial de l'ONU, Staffan de Mistura, a précisé qu'il ne s'agissait pas d'une offre, mais seulement d'une des nombreuses idées mises de l'avant afin de trouver une solution au conflit syrien.

Deux représentants de l'opposition ont affirmé à l'Associated Press que cette proposition ne méritait même pas d'être considérée. Ils estiment que Bachar al-Assad ne devrait pas s'impliquer dans l'avenir du pays et dans la période de transition de 18 mois, qui prévoit l'élaboration d'une nouvelle Constitution et de nouvelles élections.

L'annonce a été faite alors qu'une nouvelle ronde de négociations s'est ouverte à Genève, mercredi, durant lesquelles le Haut Comité des négociations (ou HNC) - qui représente l'opposition syrienne - et la délégation du gouvernement ont rencontré séparément M. De Mistura.

L'avenir du président Bachar al-Assad est la principale pierre d'achoppement des pourparlers. L'opposition demande qu'il soit complètement expulsé du pouvoir - même pendant une période de transition -, alors que l'équipe gouvernementale martèle que le sort du président constitue une « ligne rouge ».

Staffan de Mistura a confié à l'Associated Press que la proposition évoquée par l'opposition était « simplement venue parmi l'une des nombreuses idées qui sont lancées par divers experts voulant analyser l'écart actuel entre les concepts de transition politique du gouvernement et de l'opposition ».

« Par conséquent, il s'agit d'une tempête dans un verre d'eau », a-t-il ajouté.

Le représentant de l'opposition, Yahya Kodmani, a indiqué à Genève que l'émissaire onusien leur avait dit qu'un expert avait suggéré de garder Assad au pouvoir « en échange de trois vice-présidents de l'opposition ».

Le négociateur en chef du Haut Comité des négociations, Mohammed Alloush, a confirmé par message texte qu'une telle offre avait été faite, mais qu'il était « même impossible d'y penser ».

Plus tôt cette semaine, le porte-parole du HNC, Salem Al Meslet, a affirmé que l'opposition accepterait que certains membres du gouvernement Assad fassent partie de la transition, mais pas le président lui-même.

L'EI prend une douzaine de villages

Par ailleurs, en Syrie, le groupe armé État islamique a pris le contrôle de plus d'une douzaine de villages et de collines lors d'une offensive dans le nord du pays, selon des militants de l'opposition.

L'Observatoire syrien des droits de l'homme a précisé que les affrontements avaient éclaté à l'est de la ville de Khanasser, qui a changé de mains plusieurs fois dans les derniers mois.

Un militant de l'opposition à Alep a dit que les extrémistes avaient lancé leur dernière offensive un jour plus tôt. Les batailles de samedi ont lieu dans 18 petits villages, selon lui. Le militant a parlé sous le couvert de l'anonymat par crainte de représailles.

La ville de Khanasser est un point stratégique puisqu'elle est située près de l'autoroute qui lie certaines parties de la province contrôlées par le gouvernement au reste du pays.

Plus au nord, les combats se sont poursuivis près de la frontière turque, dans le village de Tal Shaeer, qui a été conquis par les extrémistes des mains de l'opposition.

Quelque 30 000 personnes ont quitté les abris qu'elles habitaient près de la frontière de la Turquie, selon l'organisme new-yorkais Human Rights Watch.